Voyagez l’espace d’un été en France

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Sur la route d’Italie, peindre la nature d’Hubert Robert à Corot
Musée d’Evreux – Jusqu’au 21 septembre
Parcours obligé des peintres, le voyage d’Italie est la source majeure de la peinture de paysage.
Ses jalons en sont des lieux, dont Rome au premier chef, mais aussi des hommes, aux vues et aux techniques différentes. Que se sont-ils apportés, comment a cheminé l’histoire entre le croquis sur le motif et la peinture de plein air ? Réponses avec cette belle exposition de peintres français de la fin du XVIIIe au milieu du XIXe siècle.

Outrenoir(s) en Europe
Musée Soulages de Rodez. Jusqu’au 5 octobre


Pierre Soulages Peinture, 100x x65 cm, 1949. Donation Pierre et Colette Soulages, musée Soulages Rodez © Vincent Cunillère

« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. » Pierre Soulages voit tout en noir et c’est éblouissant. Nul n’a autant poursuivi l’exploration des mystères du contraste, ni depuis si longtemps. Tout a commencé par une page blanche et un petit pinceau trempé dans l’encrier ; « je fais de la neige » dit alors l’enfant… Grandissant dans les lumières âpres et puissantes de l’Aubrac et du Causse, il se frotte à leurs roches râpeuses, aiguise son regard sur les mégalithes anthropomorphes du musée Fenaille de Rodez, se passionne pour les motifs pariétaux d’Altamira et ces hommes qui « dans le noir absolu des grottes allaient peindre avec du noir ». Mais son choc esthétique déterminant c’est la révélation de la grande clarté du Moyen-Âge, réputé obscurantiste, dans l’église abbatiale de Conques, dont il réalisera plus tard les vitraux. Il a quatorze ans et dira : « J’ai compris que l’art comptait plus que tout (…), j’ai ressenti qu’une seule chose pourrait remplir ma vie : peindre. Je serais donc peintre »*. Au sens très large, puisqu’il exploite, outre les ressources de la toile, celles de l’eau-forte, du brou de noix, de la lithographie, de la sérigraphie, du collage, et toutes les techniques : brossage, entailles dans la pâte, montages, bandes et aplats… Quelle que soit la matière, il la travaille d’instinct et de science, en laissant s’exprimer le hasard pour mieux surprendre ce qui se trame dans le noir.
« La lumière venant de la toile vers vous, l’espace même de la toile est devant elle et le regardeur se trouve lui-même dans cet espace. » C’est donc ce que cherche Pierre Soulages au fond de ses ténèbres : ce qui se joue entre la surface peinte et l’œil, porté par la lumière. Lumière au sens très concret, même si l’on peut être tenté d’y chercher un sens mystique : « Mon instrument ce n’est pas le noir, c’est la lumière reflétée par le noir », précise le peintre. Cette recherche inlassable lui fait toucher en 1979 l’Outrenoir, d’abord nommé noir-lumière : « Outrenoir, pour dire au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l’être, devient émetteur de clarté, de lumière secrète. »
Inauguré en mai, le musée Soulages de Rodez, né des dons de l’artiste, présente cet été dans sa superbe architecture 21 de ces outrenoirs(s), prêtés par des musées et fondations d’Europe. Une occasion unique de rencontrer l’œuvre au noir de l’un des plus grands peintres vivants, maître de cette lumière qui nous fascine depuis la nuit des temps.
* Les citations proviennent de l’entretien réalisé par Benoît Decron, conservateur du musée Soulages, pour l’exposition.


Pierre Soulages
© Gaston Bergeret, 2009

Nicolas de Staël au Havre et à Antibes


Nu couché bleu, 1955. Collection particulière. Photo © imageArt,
Claude Germain

Il disait avancer par accidents, et chaque jour se lançait à corps perdu dans le vide de la toile pour trouver sa vérité. Homme de culture et de passions, créateur fulgurant, prolifique, infatigable, Nicolas de Staël a déployé son génie entre abstraction et figuration et en a réalisé une synthèse unique. Son idéal était de se tenir « ni trop près, ni trop loin du sujet » – formule profondément éclairante. Voyageant du nord au sud en quête de lumières, naviguant entre musées et motifs, il est subitement revenu au « sujet » au cours de ses cinq dernières années, déroutant tout le monde en pleine apothéose de l’abstrait.
« Toujours, il y a toujours un sujet, toujours. » Admirateur de Braque et de René Char, ses amis, Nicolas de Staël est un poète de l’espace qui peint. Une sensation, une vibration, une vision personnelle, violente et poétique de l’espace, voilà ses sujets. Seules comptent la sensibilité et, techniquement, la profondeur. Il l’a répété, la profondeur est la seule chose sérieuse dans un tableau : « La peinture ne doit pas être seulement un mur sur un mur. La peinture doit figurer dans l’espace. » Le peintre doit se coller au mur des apparences, le traverser et restituer ce qu’il a saisi du réel. À contre-courant, et même à contre-gloire, sa sincérité tout d’un bloc le conduira à rétablir dans ses derniers tableaux des ciels, des horizons et une extraordinaire profondeur, inégalée.
À l’occasion du centenaire de sa naissance, c’est ce de Staël méconnu que deux expositions célèbrent, révélant le peintre de paysage au Havre, et celui de nu à Antibes. La première présente plus de 130 œuvres (80 peintures et 50 dessins dont un quart n’a jamais été vu ou exposé en Europe) et toutes composées dans ces années 1951-1955, où, sans délaisser le couteau, il explore une fluidité nouvelle au pinceau, au coton ou à la gaze. Capteur insatiable de lumières, Nicolas de Staël en changeait fréquemment, sa seule inquiétude étant que la justesse de celle prise à Antibes ne soit pas perçue à Paris. Au Havre, elles resplendissent dans toute leur diversité, et c’est merveille de voir comment il adapte et même réinvente ses techniques pour saisir, à Agrigente comme à Honfleur, le génie du lieu.
« Quel lieu, cette fille ! » À Antibes, ses figures et ses nus éclairent cette curieuse exclamation lancée à Braque, à propos de son dernier modèle. De l’œil qui caresse une colline à la main qui dessine une épaule, le lien est intime et naturel. C’est un de Staël sensuel qui apparaît, aussi tendre, doux et aimant que passionné. Sous les contours fluides et les transparences surgissent aussi l’énigmatique – et finalement tragique ¬ unité en lui du corps, de l’espace et de l’art. Lucide, il définira cette conjonction singulière en forme d’autoportrait adressé à son marchand : « Ma peinture, je sais ce qu’elle est sous ses apparences, sa violence, ses perpétuels jeux de force, c’est une chose fragile dans le sens du bon, du sublime. C’est fragile comme l’amour. »
Lumières du Nord, Lumières du Sud
MuMa du Havre
Jusqu’au 9 novembre
Staël, la figure à nu – 1951-1955
Musée Picasso d’Antibes Jusqu’au 7 septembre


Agrigente, 1954. Collection privée. © Cliché DR © Adagp, Paris, 2014.

Samouraï, 1 000 ans d’histoire du Japon


Photo Bernard Renoux

Château de Nantes
Jusqu’au 9 novembre

En lutte pour récupérer leur capitale, les Bretons y accueillent des samouraïs venus leur prêter main-forte. Cette caste guerrière a tant de points communs avec nos chevaliers que ce qui les en distingue, par définition spécifique au Japon, fournit une introduction commode à cette culture pleine d’énigmes pour l’Occident. De l’armure traditionnelle du XVIe siècle au costume de Dark Vador, des arts martiaux au cinéma et aux mangas, 430 objets et animations racontent le Japon éternel et aident à déchiffrer des codes toujours présents dans sa société et ses entreprises.

La Chine à Versailles, art et diplomatie au XVIIIe siècle


Huile sur toile, vers 1761 Photo © Art Go

Château de Versailles
Jusqu’au 26 octobre

Le Roi Soleil s’intéressait à l’Orient et réciproquement. Les ambassadeurs de Siam lui offrirent en 1688
de si beaux cadeaux que le goût chinois se répandit à la cour comme une traînée de poudre, influençant l’art français jusqu’à aujourd’hui.
Cet accueil favorisa jusqu’à la Révolution des relations soyeuses entre les deux pays, véritable âge d’or
de la diplomatie, du commerce et de la science. C’est cette histoire qui nous est contée à Versailles, écrin idéal pour ces porcelaines, laques, étoffes, tapisseries…

Paysages peints, nature rêvée
La Cohue / Musée des Beaux Arts de Vannes – Jusqu’au 14 février 2015
Vague après vague, la mer attire les peintres et son rythme inspire leur geste. Cette exposition navigue sur tous les courants du XXe siècle à aujourd’hui, cabotant parmi de grands noms entre facture classique, impressionnisme, abstraction, image numérique et vidéo.

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