Étude de la variation de la réponse biologique aux forces orthodontiques en fonction de l’âge

  • Publié le . Paru dans L'Orthodontiste n°3 - 30 juin 2018
Information dentaire
Le déplacement dentaire suite à l’application d’une force orthodontique identique est plus lent chez les jeunes adultes que chez les adolescents.

Les forces orthodontiques déclenchent la libération de médiateurs de l’inflammation dans le ligament alvéolo-dentaire afin de pouvoir recruter les ostéoclastes et de permettre le déplacement dentaire. Cependant, alors que le processus biologique est le même chez tous les individus, on observe des réponses différentes chez nos patients à une même force appliquée. Les auteurs ont donc cherché à comprendre si le déplacement dentaire était identique chez les adolescents et chez les adultes, pour une même force appliquée (intensité et direction).
 
Pour ce faire, ils ont inclus dix-huit patients, neuf adolescents (âge moyen : 13,3 ans) et neuf adultes (âge moyen : 31 ans) présentant une classe II division 1 similaire nécessitant l’extraction de quatre prémolaires. Six mois après les extractions des 14 et 24 et à la fin de la phase d’alignement nivellement (+ deux mois), les auteurs ont mis en place le dispositif de traction canine à l’aide d’un ressort NiTi de 50cN ajusté sur deux potences (au niveau des 6 et des 3) afin que le vecteur de traction passe par le centre de résistance sur un arc acier 0.017×0.025 inch dans des attaches 0.022×0.028. Les auteurs ont mesuré l’expression des marqueurs de l’inflammation (IL-1β, TNF-α, CCL2) et des marqueurs de différenciation ostéoclastique (RANKL, MMP9) dans le fluide sulculaire : avant traitement, avant recul canin, à vingt-quatre heures, puis à sept jours, à quatorze jours et à vingt-huit jours de traction. Le déplacement dentaire a été évalué sur des moulages réalisés avant traitement, avant recul canin, après vingt-huit jours et après cinquante-six jours de traction.
 
Les auteurs ont mesuré des niveaux équivalents des différents marqueurs biologiques avant traitement et avant recul canin, puis une augmentation statistiquement plus élevée de ces marqueurs chez les adultes que chez les adolescents à vingt-quatre heures, à sept jours (inflammation) et à quatorze jours de recul (ostéoclastes), avec un retour aux taux initiaux progressif et équivalent dans les deux groupes à vingt-et-un puis à vingt-huit jours. En ce qui concerne le déplacement dentaire, il était plus rapide chez les adolescents que chez les adultes à vingt-huit jours, puis de manière statistiquement significative (presque deux fois plus rapide) à cinquante-six jours.
 
Alors que nous aurions pu nous attendre à une vitesse de déplacement dentaire corrélée à la quantité de médiateurs biologiques libérés, les résultats de cette étude montrent l’opposé. Les auteurs concluent que cette différence est due à une plus forte minéralisation osseuse chez les adultes comparativement aux adolescents, la masse osseuse prenant donc plus de temps à se remodeler. Pour les auteurs, le groupe « adulte » étant encore jeune (31 ans en moyenne), ce résultat ne peut pas être la conséquence d’une activité cellulaire plus faible dans ce groupe.

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