L’art de la répartie

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  • Publié le . Paru dans Profession Assistant(e) Dentaire (page 32-33)
Information dentaire
« Mais pourquoi je ne lui ai pas répondu ça ! Si cette réplique m’était venue plus tôt, j’aurais pu riposter ».
Combien de fois nous nous en sommes voulu de rester sans voix face à une remarque lancée par une collègue, un agent administratif ou pire, un de nos amis ? Un trop-plein d’émotions négatives vous a envahi : colère, gène, surprise et vous n’avez pas su quoi répondre ? Ne vous est-il pas arrivé de jouer la scène encore et encore et d’imaginer un nouveau scénario, où cette fois vous auriez le dernier mot face à l’attaque ? Mais malheureusement souvent la réplique arrive trop tard, soit deux ou trois heures après l’impact.
Cette article nous montrera que la répartie n’est pas uniquement réservée aux personnes à l’esprit vif, mais au contraire qu’être dotée de ce sens requiert avant tout une bonne préparation. Et nous ferons la différence entre le « tac au tac » et la repartie constructive.

La bonne attitude

Ne pas se laisser déstabiliser par l’adversaire réside avant tout dans le comportement et la bonne attitude. La règle d’or est de respirer, de garder son calme et de rester digne. En effet, rire ou se mettre en colère peut provoquer l’effet inverse à celui recherché. Pour un maximum d’efficacité, le but est de lancer sa réplique sans attendre une quelconque réponse, l’air détaché permettra de passer à autre chose. L’objectif n’est pas de « clouer le bec » de l’autre. Au contraire, le but est d’instaurer un échange, transformer l’attaque par une complicité, en utilisant par exemple l’humour, et un peu de dérision.

Prenons comme exemple la célèbre répartie de Roselyne Bachelot :
Nicolas Canteloup : « J’ai réussi à imiter votre voix quand j’ai entendu une vieille porte grincer chez moi ! »
Roselyne Bachelot : « Heureusement que ce n’était pas en entendant votre lavabo se vider ! »

Ruses et astuces ou comment cultiver sa répartie

Inutile de penser que la répartie est un sixième sens. Elle
s’obtient plutôt au fur et à mesure qu’on la cultive.
Comment faire ?

Petit un, prendre en notes nos répliques favorites. Celles d’Audiard, Coluche, Desproges Tarantino nous inspirent ? N’hésitons pas à les relever, voire même à les apprendre par cœur, on ne sait jamais on pourrait se retrouver dans la même situation !

Petit deux, laisser à notre réplique le temps de venir. L’objectif ici est de nous faire gagner du temps, de laisser quelques secondes à celle-ci pour se former dans notre cerveau. Pour cela, il ne faut pas hésiter à reformuler la phrase de votre interlocuteur : « Si je comprends bien… Ou encore « Vous avez l’air contrarié… »

Petit trois, faire jouer son imagination. Si l’on appréhende une situation ou un rendez-vous, il suffit d’imaginer une ou plusieurs remarques désobligeantes que pourrait lancer notre interlocuteur dans l’optique d’être prête le moment venu. L’idée est de se préparer une ou deux « joutes verbales » propre à chaque événement et que l’on peut utiliser au moment opportun. Quoi de plus simple ?

À l’attaque (ou plutôt : À la défense !) : les répliques simples pour débuter

Parfois, les remarques fusent alors même que nous ne nous y attendions pas. Pour les contrer, voici quelques répliques simples d’utilisation qui n’en sont pas moins efficaces.

Pour commencer, l’expression « ça ne me pose aucun problème » peut nous sortir de situations désagréables, pour lesquelles notre interlocuteur attend une justification de notre part. Par exemple, si ce dernier vous lance : « tu ne peux tout de même pas aller à ce dîner avec cette robe ? », nous n’aurons aucun mal à lui répondre : « Si, et ça ne me pose aucun problème » Point final, le débat s’arrête ici.

Par ailleurs, sur un ton calme et détaché, il est aussi possible de jouer la carte de la personne qui ne prend absolument pas la remarque pour elle-même. Par exemple, on peut dire, de façon très calme : « Je vois que tu sembles contrarié de quelque chose, j’en suis navrée pour toi. On en parle plus tard veux-tu ? »

Une autre technique utile est celle du « renvoi de balle ». Il faut veiller à l’utiliser seulement si la remarque est extrêmement déplacée et que l’interlocuteur a intentionnellement voulu nous faire mal parce que la réponse que nous nous apprêtons à lancer peut blesser davantage. Concrètement, cela signifie que si quelqu’un nous dit « A », on peut répondre : « Je préfère être « A » plutôt que « B ». Du type, « Je préfère être un peu trop gentille plutôt que trop égoïste ».

Et pour finir, notons à quel point ces contre-attaques sont souvent accompagnées d’une dose d’humour !

La star hollywoodienne George Burns qui en avait assez qu’on lui rappelle constamment son vieil âge.
« Vous savez, je suis très très vieux. D’ailleurs à mon époque, la mer morte n’était que malade. »

Cindy Crawford à Amanda Lear :

« Merci de m’avoir envoyé votre livre, je l’ai adoré. Mais dites-moi, qui vous l’a écrit ? »
À cette dernière de répondre :
« Je suis ravie que vous ayez apprécié mon livre. Mais dites-moi, qui vous l’a lu ? »

Au Parlement, Winston Churchill entend deux hommes discuter derrière son dos à son sujet.
« Il paraît que le vieux est en train de devenir gaga. »
Sans même prendre la peine de se retourner Churchill répond :
« Il paraît même qu’il deviendrait sourd ! »

Le célèbre comédien Groucho Marx sortant d’un dîner qui lui fut désagréable.
« J’ai passé une excellente soirée, mais ce n’était pas celle-là. »

Le débat opposant Mitterrand et Chirac lors de la présidentielle de 1988.
Jacques Chirac : « Nous sommes deux candidats à égalité dans ce débat, vous n’êtes pas aujourd’hui le président et moi, votre Premier ministre. »
François Mitterrand, qui répond d’un air détaché : « Certainement, Monsieur le Premier ministre. »

Et enfin, notre coup de cœur pour Sacha Guitry et Yvonne Printemps, son épouse du moment qui se promènent dans un cimetière.
« Lorsque vous serez là, on pourra écrire sur la pierre “Enfin froide” » déclare galamment le spirituel Sacha.
« Et quand vous y serez, sur la vôtre on pourra écrire “Enfin raide”. »

Maintenant quelle que soit votre personnalité, votre aisance sociale et relationnelle, vous savez que vous pouvez faire preuve de répartie. Ainsi plus aucune réflexion ne vous laissera déconcertée !

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