L’hypnose au cabinet : ça marche vraiment ?

  • Publié le . Paru dans Profession Assistant(e) Dentaire (page 3-37)
Information dentaire
« Vos paupières sont lourdes… très lourdes » Non ! L’hypnose au cabinet dentaire n’a rien à voir avec Messmer. Laissons plutôt Marie-Elodie nous expliquer comment, avec cette technique, elle et son praticien parviennent à soigner les patients les plus phobiques.

Certains patients ont une peur viscérale du dentiste. Ils ne parviennent pas à la surmonter, et sont difficiles à soigner. Ils nous communiquent leur stress, bref tout le monde est perdant ! ». Marie-Elodie se creuse la tête pour trouver une solution à ce problème récurrent. Pourquoi pas l’hypnose ? Son praticien est partant. Ils se forment ensemble à l’institut Hypnoteeth pendant six mois. Ils se sont entendus sur le fait que c’est elle qui pratiquera. Lui se forme pour comprendre et adhérer aux techniques qu’elle mettra en place. La technique se révèle très efficace, avec des résultats parfois spectaculaires.

Mais comment fait-elle ?

Marie-Elodie indique au patient qu’il est en de bonnes mains, qu’il ne court aucun risque, que les actes posés sont une routine au cabinet, bref que tout est maîtrisé sereinement. « La clé, c’est de connaître ce qui relaxe le patient, ce qui lui fait du bien dans la vie, par opposition à la peur qu’il éprouve avant les soins. Je lui demande de s’installer confortablement dans le fauteuil, de se détendre le plus possible, et de m’indiquer ce qui, de façon générale, le rend heureux. Cela peut être une balade en forêt, une journée à la plage, ou bien le son des oiseaux qui chantent, l’odeur des fleurs au printemps, un bon moment en famille ».
 
À partir de là, deux éléments phares : la confiance et le guidage par la voix. Du début à la fin du soin, la voix de Marie-Elodie ne quitte pas le patient. Une voix douce, assurée, au timbre constant. L’assistante devient la personne de référence pour le patient. Elle induit l’état d’hypnose en lui faisant visualiser les images, les sons, les parfums dont il lui a parlé au préalable. Autre technique : définir mentalement la forme que prend la peur : une boule, un sac, certains la voient même comme un poignard. Puis, inviter le patient à réduire mentalement la taille de la boule, vider le sac, émousser le poignard. Toute l’attention du patient est rivée sur les paroles de l’assistante. Au point où les instruments dentaires, le personnel du cabinet, le dentiste lui-même, peuvent faire n’importe quel bruit, sans que cela dérange ou inquiète le patient ! Les soins se déroulent alors sans aucune anicroche, comme avec tout autre patient détendu.
 

Mais quel est le secret ?

« Il n’y en a pas, explique Marie-Elodie. C’est un choix du patient. Il choisit de me faire confiance et de me livrer son stress pour que je l’apaise ». Avec les patients phobiques, Marie-Elodie prévoit même un premier rendez-vous d’une heure, dédié uniquement à l’appréhension de la peur. Elle commence déjà à mettre en place l’expérience de la relaxation musculaire, et à travailler sur les suggestions, les « portes », dit-elle, qui ouvrent vers la détente et la confiance.
 
L’idée est de quitter le mental, siège de la peur, pour revenir au sensoriel, concret, rassurant. Une technique qui fonctionne même avec les enfants. « Je me transforme alors en joueur de foot, ou bien je nous emmène au pays des princesses, où les petites filles, guidées par ma voix, peignent des papillons imaginaires sur leurs dents. Certains petits garçons me reprochent même, en pleine séance, d’avoir raté un but ! ». C’est impressionnant, et pourtant si simple ! « Tout est une question de confiance et de sérénité, de ma part, et de celle du patient. Je dois être parfaitement calme et rassurante pendant toute la durée du soin ».
 

Ça marche même avec les collaborateurs !

Urgences, plannings chargés, différends entre collègues : la vie au cabinet comporte elle aussi son lot de stress. Pour apaiser tout le monde, Marie-Elodie organise des séances d’hypnose régulièrement. « Ça permet de prendre du recul, de se détacher des problèmes. Je leur fais visualiser un sac rempli de leurs tracas, qu’ils vont mentalement déposer à la sortie du cabinet, pour rentrer chez eux légers. Et ça fonctionne ! ».
 
Y a-t-il des échecs ou des contre-indications ? « Oui, répond notre assistante. Avec les patients ayant des troubles psychiatriques, ou certains enfants parfois, dans les cas d’urgence. Ils ne sont pas réceptifs à l’hypnose ». Mais c’est une vraie victoire pour l’équipe de réussir à soigner des patients qui n’auraient jusque-là jamais franchi la porte d’un cabinet dentaire. L’un d’entre eux, paniqué à l’idée de se faire extraire 7 dents, a eu l’impression que la séance ne durait que 5 minutes alors que le praticien y avait passé plus d’une heure ! « J’ai la chance d’être soutenue par mon praticien dans l’utilisation de l’hypnose. Je suis devenue un pilier du cabinet. Je souhaite que la pratique se répande, c’est un véritable outil de travail et de bien-être, pour l’équipe et pour les patients ».
 

 
Marie-Elodie a créé une page Facebook dédiée aux assistant(e)s des Hauts de France :
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Elle est aussi administratrice de la page Facebook : Tu sais que tu es assistant(e) dentaire quand…….
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