Quand une femme victime de violences pousse la porte du cabinet

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  • Publié le . Paru dans Profession Assistant(e) Dentaire n°2 - 15 mars 2023 (page 32-35)
Information dentaire
Souvent on me demande si, vraiment, nous voyons beaucoup de femmes victimes de violences dans nos cabinets. Et la réponse que je donne étonne et interpelle à la fois : oui, nous voyons des victimes de violences. Et plus précisément, chaque chirurgien-dentiste, chaque jour, voit une femme victime de violences dans son cabinet ! Ce qui trouble, c’est que la majorité d’entre elles ne consultent pas parce qu’elles viennent de recevoir des coups, mais plutôt dans le cadre de leur contrôle ou de soins habituels. Et c’est là, encore plus, que l’équipe dentaire a un rôle à jouer.

Quelles sont les différentes formes de violences envers les patientes qui peuvent être identifiées en cabinet dentaire ?

Les violences peuvent être psychologiques, verbales, mais aussi administratives, financières, physiques et sexuelles. En général, elles sont récurrentes et cumulatives, évoluant par phases, et augmentant en intensité et en fréquence.

Toutes peuvent être identifiées, encore faut-il savoir les repérer. Par exemple : un stress sur les horaires parce que le soin est plus long et que le conjoint pourrait ne pas comprendre, l’absence de carte Vitale ou de moyen de paiement sans l’accord de ce dernier, des absences répétées pour des motifs étranges, et, bien sûr, des traces de coups, pas forcément sur le visage, mais plutôt sur le cou. Enfin, l’attitude générale de la patiente, qui pourrait passer pour de l’agacement, mais qui est en fait une stratégie de défense ou de survie non consciente. Se former à reconnaître ces signes est indispensable.

Quels sont les motifs de consultation des patientes victimes de violences ?

Souvent, les victimes ne viennent pas au cabinet suite aux violences, mais pour un soin classique. La détection n’est donc jamais très aisée pour les professionnels de santé. Certains signes peuvent alors être des indices et peuvent nous permettre d’engager la conversation :

  • ecchymoses intra-buccales,
  • récidive de fractures de prothèse,
  • douleurs de l’ATM,
  • troubles de l’occlusion,
  • gestes d’évitement à l’approche des instruments,
  • refus ou impossibilité d’ouvrir la bouche (suite à des violences sexuelles),
  • attitude trop résistante face à la douleur,
  • phrases comme : « J’ai l’impression qu’on me viole » à l’examen clinique.

En revanche, lorsqu’elles viennent après avoir subi des coups (pour rappel, 70 % d’entre eux sont portés sur la face et le cou), nous observons des hématomes, des fractures dentaires, des douleurs articulaires…

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