De poser à exposer : Défi et destin de Suzanne Valadon

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°10 - 12 mars 2025 (page 40-43)
Information dentaire

Quand, déjà rompue à divers petits métiers, la Montmartroise de 15 ans fait ses débuts de modèle, c’est qu’elle a failli se rompre le cou, au trapèze. Adieu le cirque, mais l’acrobate sait rebondir avec souplesse de corps et fermeté de caractère. Les peintres ne tardent pas à s’en apercevoir, et non des moindres : Henner, Puvis de Chavannes, Renoir, Toulouse-Lautrec… La jeune Marie-Clémentine Valadon passe d’ateliers en ateliers, un peu de bras en bras aussi, dont ceux très accueillants de Lautrec qui la rebaptise Suzanne puisque, comme celle de la Bible face aux vieillards qui la lorgnent, elle affronte nue le regard de galants plus ou moins verts pour qui elle pose.

Elle pose en effet, mais, introduite dans la place, elle observe aussi. Enfant elle dessinait, voilà qu’elle prend des cours sans trop y penser auprès de maîtres qui ne songent pas davantage à lui en donner. Elle s’imprègne du métier au fil des jours, jusqu’à celui où, encouragée, elle montre ses dessins à Degas. « Vous êtes des nôtres ! », s’écrie-t-il, admiratif de son trait « dur et souple ». Ce style, c’est elle-même : par les deux termes étrangement antagoniques de sa formule, le peintre à l’œil sûr vient d’emblée de dépeindre dans sa toute singularité cette consœur de 18 ans. Aussi, plutôt que de la faire poser, décide-t-il aussitôt de l’aider en lui achetant nombre de dessins puis en l’initiant à la gravure en taille douce et au vernis mou sur sa propre presse.

Si l’encourageant Degas lui tend la main, il ne lui la tient pas : elle fait du Suzanne Valadon dès cet âge et à jamais. C’est d’ailleurs le plus frappant de cette rétrospective au Centre Pompidou : du début des années 1880 à la fin des Années 30, son style semble immuable. Souplesse et dureté d’un dessin qui est sa ligne personnelle : tout est là dès le premier jour et traverse l’incroyable succession…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Article réservé à nos abonnés Franck Catry « Let’s Dent’s »

C’est son gimmick, son « truc pour décompresser ». Avant de monter sur scène, Franck Catry respire, fort, profondément, longuement. « Histoire d’évacuer...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Id Tendances été 2025

Et si vous mettiez un peu de couleur dans votre espace de travail ? Mais tout en nuances… C’est ce à...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés L’art de voir aux lisières du réel

La peinture est cosa mentale : d’un mot Vinci résume la complexité des rapports entre l’œil et l’esprit, la vision des...
À découvrir

Souffles d’été

Estocades et toquades d’un Saint-Georges Mathieu Le flamboyant Mathieu pouvait-il rester coincé ad vitam aeternam dans l’enfer de l’oubli ? Voilà...
À découvrir

Musique en marche, la bande-son de la République

À quoi sert une chanson si elle est désarmée ? », s’interroge par la voix de Julien Clerc Étienne Roda-Gil,...
À découvrir

Faux airs et faussaires le vrai en art à Fontainebleau

À vrai dire, le faux n’est-il pas consubstantiel de l’art, si l’art entend créer l’illusion du réel? Le débat se...