La prévalence des pathologies parodontales est relativement peu étudiée en Afrique, notamment subsaharienne. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?
Lawrence Essama Eno Belinga : Les données sur l’épidémiologie des maladies parodontales (MP) sont plus ou moins disponibles selon les régions d’Afrique subsaharienne. Les travaux de Nocini et al. en 2020 portant sur l’épidémiologie des MP au cours de ces dernières décennies (1990-2017) et provenant de 195 pays différents ont rapporté que la maladie parodontale représente la 12e pathologie la plus répandue dans le monde sur 354 maladies. Cette étude montre clairement que la charge de morbidité la plus élevée est enregistrée en Asie du Sud-Est (12 463 cas pour 100 000), tandis que la prévalence est la plus faible en Afrique (5 469 cas pour 100 000).
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette faible prévalence :
- l’insuffisance de ressources financières et humaines à allouer aux études épidémiologiques de grande envergure sur les maladies parodontales ;
- les pratiques culturelles et les croyances peuvent influencer négativement l’adhésion et donc le recrutement des populations ;
- la variabilité dans la définition des cas et des indicateurs parodontaux, le design d’études (études cliniques hospitalières) menées seraient responsables parfois d’une sous-estimation de la prévalence des maladies parodontales dans la Région Afrique ;
- les supports de publications spécialisés nationaux et régionaux à faible impact et peu indexés dans les bases de données médicales internationales limitant la visibilité des résultats des travaux menés en Afrique subsaharienne.
En termes de traitement parodontal, quels sont les besoins en Afrique et quels sont les moyens ?
L.E.E.B. : Les besoins en soins parodontaux varient d’une région à l’autre et sont dépendants majoritairement de l’accès aux soins. En effet, les populations de villages…