Il tord, il tire, il plie. Il vérifie la taille du tronc, bande un branchage, ajuste un dernier feuillage. Et voilà : le bonsaï « battu par les vents », la toute dernière création de Pierre Barnabé, est prête. Grand sourire aux lèvres, l’artiste caresse délicatement son nouveau « bébé » qui trône sur la table. « Ça m’a demandé deux heures de travail et 35 mètres de fil », calcule-t-il de tête.
Nous ne nous sommes pas trompés d’adresse. Nous avons bien fait la route jusqu’à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, pour rencontrer un prothésiste dentaire. La preuve, avant notre arrivée, Pierre Barnabé venait d’ailleurs de terminer des gouttières de fin de traitement. Simplement, l’homme de 56 ans qui se tient en face de nous mène une « double vie ». Pas tout à fait fleuriste, pas tout à fait jardinier, pas tout à fait pépiniériste, mais créateur de bonsaïs d’un genre un peu particulier : il s’amuse à faire « pousser » les fameux arbres nains à partir de fil d’aluminium.
Le Tarbais défie quiconque de voir la différence de loin. « Toutes les proportions par rapport à l’arbuste original sont respectées. Même hauteur, même forme générale, même taille de poterie… » Il faut donc s’approcher pour observer les détails et comprendre l’ampleur du travail. Le fil d’aluminium remplace tout. Le bois du tronc, les branches, le feuillage. « C’est pratique, il n’y a pas besoin de les arroser, rigole Pierre Barnabé, visage rond, enfoncé dans son fauteuil. Il y a juste besoin d’un coup de chiffon régulièrement pour enlever la poussière. »
« Bonsaïka » depuis l’adolescence
Pierre Barnabé s’est pris de passion pour le célèbre arbuste japonais à l’adolescence. « J’ai eu mon premier bonsaï à 14 ans », resitue-t-il. Il se souvient aussi des promenades en forêt, sécateurs en mains, pour prélever des morceaux d’arbres…