Tarsila Do Amaral, Passeuse du modernisme brésilien

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°37 - 30 octobre 2024 (page 96-101)
Information dentaire
Voici un an à peine, une drôle de petite toile intitulée A Cuca attirait irrésistiblement le regard parmi la foule de chefs-d’œuvre évoquant au Petit Palais Le Paris de la modernité*. Intrigué on s’approchait, curieux d’en découvrir le sujet – un croquignolet croquemitaine du folklore brésilien – et surtout l’auteur, Tarsila do Amaral, dite Tarsila à la mode du Brésil où elle est aussi célèbre que la Cuca et bien plus aimée.

Il faut croire que la bestiole n’est pas si mauvaise, puisqu’en quelques mois, voilà Tarsila sortie de l’ombre pour recevoir la pleine lumière du Musée du Luxembourg, et avec elle tout un pan d’une trop méconnue modernité brésilienne du début des années 20.

À cette époque, la jeune fille de bonne et riche famille de São Paulo débarque à Paris, fréquente l’académie Julian et l’atelier d’Émile Renard, puis, s’étant liée à l’écrivain en vue et concitoyen Oswald de Andrade, rencontre Blaise Cendrars qui leur ouvre le monde artistique parisien : Brancusi, Cocteau, Braque, les Delaunay, Picasso, ainsi que Lhote, Léger et Gleizes auprès desquels elle étudie. On voit d’ici le tableau, la pente facile d’une façon de raconter l’histoire eurocentrée et machiste : la petite amie d’un ténor du modernisme brésilien prise par égard pour lui sous l’aile des cubistes, et qui se frotte à leur créativité afin d’en rapporter et implanter la graine dans sa terre natale. Mais cette lecture-là a vécu et, au demeurant, la Tarsila dont on découvre l’originalité et la trempe n’est pas du genre à se parer des couleurs des autres. C’est plutôt celles de son pays qu’elle cherche. Son appartenance à l’élite brésilienne, qui l’a éveillée à divers arts, lui a donné une éducation traditionnellement imprégnée de culture française et l’a fait voyager dès 1902 en Europe. Au point que Paris, s’il peut être une fête, n’est en rien pour elle un choc culturel inattendu mais plutôt un complément d’apprentissage. Avant d’y venir, elle s’est formée à la peinture chez elle à São Paulo, et y a vécu, fin 1917, ce choc plus réel qu’a été la très pionnière Exposição de Pintura Moderna d’Anita Malfatti qui révéla à des Brésiliens bousculés et rétifs l’art moderne prôné en Europe et Amérique. Là s’est enraciné pour Tarsila un double questionnement : qu’est, et que peut être…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

À découvrir

Article réservé à nos abonnés La malédiction des musées dentaires parisiens

Nous vous proposons dans les pages qui suivent le dernier article rédigé par Micheline Ruel-Kellermann pour notre revue. Ces pages...
À découvrir

Erdal Alantar par Alp Alantar

Notre confrère Alp Alantar publie aux éditions « lelivredart » une biographie consacrée à son père, Erdal Alantar (1932-2014), qui quitta son pays...
À découvrir

Jean-Jacques Lasfargues publie un nouveau recueil de poésies

Notre confrère Jean-Jacques Lasfargues, membre titulaire de l’Académie de chirurgie dentaire, publie le troisième volet de sa « trilogie poétique » intitulé...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés L’Eureka de Nicéphore. Premier bicentenaire de la photographie

Avance sur image Pourquoi ce 16 septembre la photo­graphie fêtait-elle son bicentenaire, avec trois ans d’avance sur les commémorations prévues ? Mais...
À découvrir

Déclenchements instinctifs

“Il n’y a rien de plus intéressant… …que le paysage du visage humain”, Irvin Kershner Rubrique imaginée par Gil Tirlet...
À découvrir

Article réservé à nos abonnés Originales imitations : Un écrin pour le bijou de scène

Qui ne rêve de voir un hôtel particulier du XVIIIe siècle ressuscité d’un coup de baguette magique sur les Grands Boulevards ? Telle...