Le traitement d’un patient présentant une agénésie d’incisives latérales peut être vu, comme tout traitement médical, comme la succession d’une ou de plusieurs décisions cliniques et de leurs mises en œuvre. C’est seulement l’enchaînement d’une bonne décision (il en existe souvent plusieurs) et d’une bonne mise en œuvre qui permet d’aboutir à un succès thérapeutique. Malheureusement, comme l’écrit Michael Cohen en introduction de son ouvrage “Interdisciplinary Treatment Planning”, il n’existe aucune formule ou algorithme pour déterminer l’option thérapeutique idéale (1). La prise de décision clinique et la planification d’un traitement pluridisciplinaire comme le sont tous les traitements d’agénésie d’incisives latérales sont des processus chronophages et incertains. La seule façon de se simplifier la tâche serait d’adopter une démarche dogmatique, c’est-à-dire de supprimer la complexité du processus de décision en décrétant a priori qu’une option est bien supérieure à l’autre. Pour ceux que cette approche ne satisfait pas, l’objet de l’article à venir est de s’intéresser spécifiquement à la décision clinique : comment est-elle enseignée, comment est-elle prise et comment peut-elle être améliorée ?
L’Evidence-Based Medecine
Depuis le début des années 90, la prise de décision clinique a été principalement étudiée et enseignée à travers le prisme de l’evidence-based medecine (EBM). Contrairement à une croyance populaire chez les cliniciens, l’EBM n’impose pas une pratique tyrannisée par les essais cliniques randomisés et les méta-analyses (2). L’objectif de l’EBM est simple : s’assurer que la décision clinique tient compte du meilleur niveau de preuve disponible, en plus de l’expertise clinique du praticien et des souhaits et besoins du patient (3). En tant que patient, nous attendons d’ailleurs logiquement des praticiens, à qui nous confions notre…