Carcinome épidermoïde buccal : dogme des limites de l’exérèse

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°7 - 21 février 2024 (page 27-29)
Information dentaire

Il y a une cinquantaine d’années, nos maîtres les plus avisés nous apprenaient que les limites de l’exérèse d’un carcinome épidermoïde de la cavité buccale devaient passer 1 cm en tissu sain, alors que quelques autres pratiquaient encore l’électrocoagulation des carcinomes épidermoïdes sans contrôle des limites. Depuis, les conduites en carcinologie se sont standardisées, surtout avec la mise en place des RCP (réunions de concertation pluridisciplinaire).

Toutefois, l’exérèse doit toujours être large, radicale, avec une marge de sécurité. La notion de limites de l’exérèse n’a guère évolué : par exemple, elle reste de 1 à 1,5 cm pour Regezi, Sciubba et Jordan (Oral Pathology, 5th edition) ou de 1,5 à 2 cm en fonction de la localisation pour Marx et Stern (Oral and Maxillofacial Pathology). Il existe donc des recommandations différentes selon les auteurs, probablement parce que les limites d’exérèse n’ont jamais été établies de façon rigoureuse. Mais peut-être n’est-il pas possible de les déterminer avec précision ?

La présentation de 2 cas permettra d’illustrer cette difficulté et montrera les limites de l’examen histopathologique classique où les niveaux de coupe sont très réduits si l’on compare à leur nombre dans la technique de Mohs.

CAS 1

Motif de la consultation

Patient de 75 ans adressé par son dentiste traitant pour une lésion suspecte du plancher antéro-latéral gauche.

Histoire de la maladie

  • Le patient avait découvert fortuitement, sur son plancher buccal, un mois auparavant, une masse oblongue, parallèle à la mandibule.

Interrogatoire

  • Il s’agissait d’un patient de forte corpulence, présentant une intoxication éthylo-tabagique sévère : 75 paquets- années, consommation d’alcool variable mais toujours abondante. Selon le patient, cette masse aurait un peu diminué de volume depuis sa découverte.

Examen clinique

  • Ce patient avait une très bonne hygiène bucco-dentaire et présentait deux arcades dentaires complètes, indemnes de caries ou d’atteintes parodontales.

Examens paracliniques

  • La pièce d’exérèse, de 0,9 x 0,5 x 0,5 cm, comportait un fragment de muqueuse revêtue d’un épithélium malpighien parakératinisé, siège d’un carcinome invasif bien différencié, kératinisant. La tumeur envahissait le tissu sous-jacent sous forme de travées et de lobules, de tailles diverses, comportant des globes cornés et des cellules dyskératosiques. Le stroma fibreux était le siège d’un infiltrat inflammatoire lymphoplasmocytaire assez dense. Au voisinage du carcinome, il existait un petit foyer de carcinome micro-invasif en continuité avec une OIN de haut grade. Le carcinome invasif étant au contact de la section latérale interne, l’anatomopathologiste recommandait une reprise chirurgicale oncologique.

Synthèse

• En raison de la faible compliance du patient, la reprise chirurgicale a été effectuée en milieu hospitalier, sous anesthésie générale. Après discussion du cas en RCP, une exérèse large du plancher buccal gauche, débordant un peu sur le plancher buccal droit, a été réalisée ; la pièce d’exérèse mesurait 7 x 6 x 1 cm. L’exérèse a été suivie par une greffe de peau…

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