Échec clinique et retrait commercial d’un système d’obturation endodontique prometteur

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  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°1 - 15 mars 2022 (page 38-42)
Information dentaire
L’obturation endodontique a pour but de sceller l’endodonte, de manière à pérenniser le travail préalable de désinfection, et à éviter toute recolonisation bactérienne. La gutta-percha présente un très bon recul clinique, mais manque d’adhérence naturelle et nécessite l’utilisation de ciments endocanalaires. En 2004, le « concept monobloc » basé sur le Resilon est apparu comme une solution de remplacement prometteuse à la gutta-percha. Le matériau du « noyau » Resilon était censé adhérer au ciment de scellement résine Epiphany ou RealSeal qui devait adhérer à la paroi dentinaire, créant un monobloc et ainsi une étanchéité améliorée. Malgré des premiers résultats in vitro et cliniques intéressants, il s’est avéré que ces matériaux présentaient un mauvais comportement physique sur le long terme se traduisant par des dégradations du matériau et des interfaces. Relativement confidentiel en France, mais populaire aux États-Unis, ces matériaux ont finalement été retirés du marché et les études à long terme ont montré des taux d’échecs importants imputables à l’obturation. Cet article retrace l’historique de cet échec et souligne l’intérêt de fiabiliser les systèmes d’évaluation in vitro, préclinique et clinique des innovations nécessaires à l’évolution du métier de chirurgien-dentiste.

L’objectif principal d’un traitement endodontique radiculaire est de supprimer l’étiologie des maladies pulpaires et périapicales afin de créer les conditions favorables à la cicatrisation tissulaire [1]. La préparation du réseau endocanalaire repose à la fois sur la mise en forme mécanique et sur la désinfection chimique de l’endodonte afin de garantir le meilleur résultat clinique. L’obturation radiculaire a pour objectif une oblitération complète du réseau canalaire afin de maintenir cet état et de priver les bactéries résiduelles de nutriments. Par conséquent, l’obturation doit être tridimensionnelle et étanche de la portion coronaire jusqu’à la portion apicale, de manière à empêcher les bactéries et les fluides tissulaires de recontaminer les canaux [2].

Le matériau d’obturation idéal, tel que décrit par Grossman, doit être biocompatible, dimensionnellement stable, bactériostatique, facile à utiliser et à désobturer et doit sceller hermétiquement le canal [3]. La gutta-percha est un matériau à base de polyisoprène, considéré comme le « gold standard » et utilisé depuis plus d’un siècle pour l’obturation des canaux radiculaires en raison de sa biocompatibilité, de sa manipulation aisée, de sa stabilité, de sa malléabilité, de ses propriétés non irritantes, de son caractère non résorbable, radio-opaque, stérilisable par immersion dans l’hypochlorite de sodium et enfin désobturable [4, 5].

En revanche, la gutta-percha n’adhère pas naturellement aux parois dentinaires radiculaires et présente un coefficient de dilatation thermique défavorable [6, 7]. Pour ces raisons, il est indispensable d’utiliser un ciment de scellement canalaire qui assure à la fois l’étanchéité du joint dent/gutta-percha ainsi qu’une action lubrifiante. Afin de pouvoir obturer les canaux accessoires et de combler les zones non instrumentées du fait de la complexité anatomique du réseau endodontique, il est…

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