Au cours des dernières années, la dentisterie restauratrice a connu une évolution marquée vers la simplification des procédures cliniques et le développement de matériaux toujours plus polyvalents. Les résines composites et les systèmes adhésifs sont aujourd’hui considérés comme la référence pour les restaurations directes. Toutefois, malgré leur efficacité démontrée, la performance clinique à long terme dépend davantage de facteurs liés au praticien et au patient que du matériau lui-même [1]. Les recherches actuelles s’orientent ainsi vers l’amélioration de la maniabilité des matériaux et l’intégration de comportements dits « intelligents ».
Jusqu’à présent, les classifications des composites reposaient principalement sur la structure des charges, la viscosité ou la composition en monomères [2, 3]. Si ces approches ont constitué des repères utiles, elles ne permettent plus aujourd’hui de prédire les caractéristiques cliniques essentielles des formulations disponibles sur le marché [4, 5]. De plus, de nombreux composites intègrent désormais plusieurs propriétés simultanément, comme une application en masse (bulk-fill), un renfort par fibres de verre, une viscosité fluide à fort taux de charges, une intégration colorimétrique simplifiée ou encore des fonctions bioactives. Cette superposition de caractéristiques rend leur identification et leur sélection plus complexes pour les cliniciens comme pour les chercheurs.
Récemment, notre équipe de recherche a proposé une classification modulaire et clinique de ces résines composites [6] dans le but d’améliorer la compréhension des indications et performances cliniques de ces résines après avoir montré la limite actuelle de celles préalablement existantes. En effet, grâce à son caractère modulaire, cette classification permet d’attribuer à une même formulation plusieurs caractéristiques cliniques, ce qui reflète une tendance croissante…