Comment mieux prendre en charge nos patients souffrant d’addiction ?

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°40 - 19 novembre 2025 (page 18-22)
Information dentaire

La France est l’un des pays européens les plus touchés par les addictions et la prise en charge des patients souffrant d’addiction représente une part non négligeable de l’exercice de la médecine bucco-dentaire. En cabinet dentaire, ces patients sont fréquemment source de difficultés de prise en charge et présentent souvent de nombreuses pathologies orales intrinsèques à leur dépendance. Quelle est la place du chirurgien-dentiste dans leur prise en charge ?

Cet article rappelle la définition de l’addiction et souligne son intrication avec l’odontologie, puis il détaille comment dépister, informer et orienter les sujets dépendants.

Qu’est-ce que l’addiction ?

L’addiction peut être définie comme une perte de contrôle de l’usage d’une activité, d’un bien ou d’une substance. La recherche compulsive et la consommation malgré les conséquences néfastes peuvent en être une autre signification [1]. Le terme « dépendance » comprend deux composantes, physique et comportementale. L’addiction, elle, est souvent associée au volet uniquement comportemental. La cinquième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-V) décrit le diagnostic d’une addiction à une substance par un modèle de signes cliniques reliés à la dépendance, mais également par quatre critères principaux : A, le développement d’un syndrome spécifique à la consommation de la substance ou de l’activité ; B, des changements attribuables aux effets de la substance/activité sur le système nerveux central (SNC) ; C, le syndrome entraîne une déficience dans des situations sociales, professionnelles ou autres ; D, les symptômes ne sont pas attribuables à une autre pathologie.

La dépendance comprend plusieurs notions intrinsèques :

  • la tolérance, qui représente la nécessité d’augmenter l’usage de l’activité pour retrouver une réponse similaire à la première utilisation [2] ;
  • le besoin intense de consommation d’une substance ou d’un comportement non vital (craving) [3] ;
  • le sevrage, qui illustre la tentative d’arrêt d’une conduite addictive, et qui peut entraîner des symptômes [4].

Toutes ces notions s’expliquent par des mécanismes neurologiques liés au circuit cérébral de la récompense qui est formé de trois connexions synaptiques avec comme neurotransmetteurs le GABA, le glutamate et la dopamine [5]. Une grande partie des neurones produisant cette dernière ont le corps situé au niveau de l’aire tegmentale ventrale. La dopamine agit, entre autres, au niveau du noyau accumbens, ce qui provoque une sensation de bien-être…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

Médecine

Article réservé à nos abonnés Dépistage microbiologique des inflammations de la cavité orale : de la recherche à la clinique

Microbiologie de la cavité orale, données récentes La cavité orale héberge un ensemble de microbes appelé communément le microbiote oral. Ce...
Médecine

Article réservé à nos abonnés Gestion des patients à risque hémorragique au cabinet dentaire

Les troubles de l’hémostase : en quoi ça consiste ? On distingue des troubles de l’hémostase primaire et secondaire. Les troubles...
Médecine

Article réservé à nos abonnés Activité physique et sportive en prévention secondaire

L’exercice physique (ou APS, pour activité physique et sportive) est reconnu comme ayant une action thérapeutique dans de nombreuses maladies...
Médecine

Article réservé à nos abonnés Activité physique et sportive en prévention primaire

APS et prévention primaire des maladies cardiovasculaires : des données probantes Dans une méta-analyse couvrant 196 articles, et concernant plus de 30 millions de...
Médecine

Article réservé à nos abonnés Scorbut infantile : un regain de vitamine

Observation Un jeune garçon de 4 ans est admis aux urgences pédiatriques pour une boiterie non fébrile évoluant depuis 72 heures....
Médecine

Article réservé à nos abonnés Syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil de l’adulte : quel traitement, pour quel patient ?

La prise en charge thérapeutique du SAHOS s’efforcera d’être personnalisée en fonction des données cliniques recueillies par l’écoute du patient,...