Dépistage des cancers buccaux

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  • Publié le . Paru dans Réalités Cliniques n°3 - 15 septembre 2016 (page 165-175)
Information dentaire
Résumé
Les cancers de la cavité buccale, dont le taux de survie à cinq ans n’a pas évolué au cours des trente dernières années, sont un véritable problème de santé public, de par leur incidence, la morbidité et la mortalité qui en découlent. La majorité de ces cancers sont, malheureusement, encore de nos jours diagnostiqués à un stade tardif ce qui diminue fortement la chance de survie du patient, entraîne une chirurgie mutilante et une qualité de vie moindre. Le chirurgien-dentiste est un des acteurs qui peut remédier à cette fatalité en réalisant un examen clinique systématique de la cavité buccale quand un patient se présente à son cabinet. Examen rapide, facile à réaliser, indolore, nécessitant peu d’instruments, il est efficace pour détecter la moindre lésion buccale, et permet un diagnostic précoce de cancer. Seule la biopsie peut confirmer la nature maligne de la lésion et aucune autre technique ne peut se substituer à celle-ci. Il n’est plus acceptable de détecter un cancer de la bouche à un stade avancé. Les chirurgiens-dentistes doivent absolument s’impliquer dans l’examen systématique de la cavité buccale et le diagnostic précoce des lésions suspectes.

Implication clinique
Le chirurgien-dentiste, par sa position stratégique, a un rôle majeur dans le dépistage précoce des cancers de la bouche. Il peut augmenter ou améliorer le taux de survie du patient tout en améliorant sa qualité de vie.

Les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) comprennent d’une part les cancers de la lèvre, de la bouche et du pharynx (LBP), et d’autre part les cancers du larynx et surviennent le plus souvent entre 50 et 64 ans. En France, ils se situent au 5e rang des cancers les plus fréquents avec 14 638 nouveaux cas estimés en 2012, dont 74 % survenant chez les hommes. Quant aux cancers de la LBP, avec 11 316 nouveaux cas dont 71 % chez l’homme, ils se situent au 8e rang, tous sexes confondus et représentent 3,2 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers. Ils sont au 11e rang des décès par cancer tous sexes confondus et représentent 2,1 % de l’ensemble des décès par cancer [1].

En France, le taux d’incidence (nombre de nouveaux cas par an) de cancers de la LBP est supérieur à la moyenne observée dans l’Union européenne (UE) des 27 et en Europe de l’ouest ; le taux de mortalité est légèrement supérieur à celui de l’UE des 27 pour les hommes et proche de celui de l’UE des 27 pour les femmes. En revanche, pour les cancers de la tête et du cou, la France présente une des plus faibles survies des pays de l’ouest de l’Europe, certains pays de l’est ayant des survies encore plus faibles [1].

On observe une baisse de l’incidence des cancers de la LBP chez les hommes alors qu’elle est en augmentation chez les femmes reflétant la tendance tabagique féminine [2]. En Europe, on remarque également une augmentation des cancers buccaux (multiplié par 6) chez les jeunes de moins de 40 ans ces dernières décennies [3].

Le pronostic de ces cancers reste très péjoratif, le taux de survie à 5 ans est de 35 % tous stades confondus, il ne s’est guère amélioré au cours de ces dernières décennies [4, 5]. Les cancers de la LBP sont à plus de 90 % des carcinomes épidermoïdes, c’est-à-dire qu’ils se développent à partir de l’épithélium buccal [2]. Ainsi, toute altération, même minime, de la muqueuse…

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