Les troubles de l’éruption dentaire sont multiples. Ils peuvent survenir de façon isolée ou s’inscrire dans le cadre d’un syndrome. On distingue :
- les accidents d’éruption, comme les kystes d’éruption ou les péricoronarites ;
- les anomalies topographiques, qui correspondent à des défauts de positionnement des dents dans l’espace ;
- les anomalies chronologiques, qui comprennent les éruptions précoces, les éruptions retardées ainsi que les échecs d’éruption.
Les échecs d’éruption peuvent affecter une ou plusieurs dents, tant dans la dentition temporaire que permanente. Ils peuvent être totaux, si la dent ne parvient pas à émerger, ou partiels. Les causes des échecs d’éruption sont multiples, qu’elles soient locales ou systémiques.
Parmi ces échecs, nous nous intéresserons ici aux défauts primaires d’éruption (DPE) non syndromiques, une pathologie rare et complexe qui pose un véritable défi diagnostique et thérapeutique. Leur prise en charge nécessite fréquemment une approche pluridisciplinaire afin d’offrir aux patients un traitement optimal.
Définition et épidémiologie
Les défauts primaires d’éruption ou DPE, également appelés Primary Failure of Eruption (PFE), désignent une anomalie de l’éruption dentaire qui survient en l’absence d’obstacle mécanique (ou d’obstruction) sur la voie d’éruption. Ils se manifestent par une absence totale ou partielle d’éruption de dents qui, initialement, ne présentent pas d’ankylose, aussi bien en dentition temporaire ou permanente (fig. 1). Cette altération du mécanisme d’éruption peut toucher un à quatre quadrants de l’arcade dentaire, entraînant une béance postérieure unilatérale ou bilatérale (fig. 2) [1-3].
Les principales manifestations cliniques du DPE ont été décrites pour la première fois par Proffit et Vig en 1981 [2, 3]. Selon leurs observations, cette anomalie peut affecter…