Les propriétés du peroxyde de carbamide (PC) sur les tissus bucco-dentaires ont été décrites dès la Première Guerre mondiale, lors de son emploi comme antiseptique dans la gingivite ulcéro-nécrotique aiguë (GUNA). En 1962, Klusmier propose d’appliquer un gel à base de PC pour traiter l’inflammation parodontale consécutive à un traitement orthodontique [1]. La première utilisation du PC en gouttières visait à améliorer la santé parodontale, et c’est fortuitement que son effet éclaircissant sur l’émail fut observé, ouvrant la voie à son emploi comme agent d’éclaircissement dentaire. La communication initiale de Klusmier ne retient pas tant l’attention, et ce n’est qu’en 1989 que Haywood et Heymann [2] décrivent de manière formalisée la technique d’éclaircissement ambulatoire.
Depuis, les données cliniques accumulées confirment que, correctement employés, les produits à base de PC constituent une approche sûre et éprouvée pour l’éclaircissement dentaire. Ce recul considérable a progressivement dissipé nombre de craintes infondées, tant du côté des praticiens que des patients. Il est aujourd’hui établi, par exemple, que :
- les patients fumeurs peuvent bénéficier d’un éclaircissement avec une efficacité comparable à celle observée chez les non-fumeurs [3] ;
- les sensibilités dentaires peuvent être contrôlées par une adaptation individualisée du temps de port des gouttières [4] ;
- même en présence de restaurations défectueuses, de caries débutantes ou de lésions érosives, un éclaircissement peut être mené avant la réalisation des soins restaurateurs [5].
Certaines réserves subsistent encore sur l’indication chez les patients avec maladie parodontale ou au parodonte fragilisé. Or, des travaux récents suggèrent au contraire que le PC pourrait réduire l’inflammation, le saignement et la charge bactérienne, favorisant un environnement buccal plus propice à la cicatrisation.