La bouche n’est pas un organe sexuel en soi, mais elle peut être impliquée dans des pratiques sexuelles, dites de sexe oral (fellation, cunnilingus, anulingus). Le sexe oral est fréquemment pratiqué et faiblement protégé [1]. Les infections sexuellement transmissibles (IST) se propagent principalement par contact direct avec les muqueuses infectées. Ainsi, la bouche peut être vectrice et victime des IST. Ces infections sont en recrudescence dans le monde, y compris en France. Parmi les IST bactériennes, la syphilis est la seule à avoir des manifestations buccales. La gonorrhée ou la chlamydiose peuvent avoir une localisation oropharyngée et doivent être connues. Les autres IST bactériennes sans localisation buccale ou oropharyngée ne seront pas abordées ici.
La syphilis
Épidémiologie
La syphilis est une infection causée par la bactérie Treponema pallidum. Longtemps considérée comme éradiquée dans de nombreux pays grâce aux traitements antibiotiques, elle connaît depuis le début des années 2000 une recrudescence mondiale, affectant divers groupes de population avec des disparités géographiques marquées. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 8 millions de nouveaux cas sont signalés chaque année [2]. D’après le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), 41 051 cas confirmés de syphilis ont été signalés en 2023 dans 29 pays de l’Union européenne et de l’Espace économique européen (UE/EEE), soit un taux de notification brut de 9,9 cas pour 100 000 habitants. Ce chiffre représente une augmentation de 13 % par rapport à 2022 et de 100 % par rapport à 2014. Les hommes sont sept fois plus touchés que les femmes, avec une prévalence particulièrement élevée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), qui représentent 72 % des cas rapportés. En France, le nombre de cas est estimé à 2000/an par l’ECDC [3].