La zircone est-elle une alternative au titane en implantologie orale ?

  • Par
  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°39 - 13 novembre 2019 (page 88-96)
Information dentaire
Il n’y a pas d’autre exemple de pratique médicale avec un concept qui soit autant lié à la métallurgie. « L’ostéointégration » telle que définie par Brånemark [1, 2] ou « l’ankylose fonctionnelle » développée par Schroëder [3] sont indissociables du titane et de ses alliages. Le développement de cette discipline durant les cinquante dernières années s’est fait autour de la mise en œuvre de ce métal dans les choix de son traitement de surface et du design des connexions, entre autres, laissant dans l’ombre l’implantologie céramique.
Elle est, pourtant, contemporaine de l’implantologie titane avec les précurseurs Willi Schülte [4] pour l’implant de Tübingen et le Professeur Sami Sandhaus avec l’implant CBS (« Crystalline Bone Screw ») qui, dans les années 1960, utilisent des implants en oxyde d’aluminium ou alumine. Des débuts prometteurs, mais la faiblesse des propriétés mécaniques de l’alumine a engendré des fractures en clinique et des désillusions.
Dès lors, le cahier des charges est bien identifié. Quel que soit le matériau, il devra être ostéo-muco-compatible, résistant aux contraintes mécaniques de la mastication et permettre sa mise en forme pour un ajustage micromécanique de la prothèse dont il est le support. C’est toujours le Professeur Sami Sandhaus qui innovera avec l’utilisation de la zircone en implantologie (implant SIGMA Quatro® Incermed) et défrichera les facteurs de succès comme le choix du minerai d’origine ou la compaction des poudres.

La structure

Le zirconium est un métal de transition du groupe IV et du sous-groupe du titane dans le tableau de Mendeleïev (1869) des éléments chimiques par masse atomique croissante. Il a une densité de 6,5 et un point de fusion à 1 850 °C. Dans la nature, le zirconium se trouve dans les minerais sous la forme de silicate : zircon ZrSiO4, ou d’oxyde, zircone pure : baddeleyite et zirkite ZrO2.

La zircone, ou dioxyde de zirconium (ZrO2), est une céramique. On distingue deux types de céramiques : céramique d’oxyde comme la zircone ou l’alumine (oxyde d’aluminium), et céramique non oxyde comme le nitrure de titane.

La classification des céramiques d’oxyde en fonction de leur microstructure est répertoriée dans le tableau 1. Il en découle que les propriétés mécaniques élevées vont dans le sens d’une concentration en phase cristalline, les propriétés optiques et aptitude au collage dans le sens d’une concentration en phase vitreuse. La zircone est une céramique polycristalline totalement cristallisée [5]. Pour renforcer ce réseau cristallin, on parle de stabilisation (ou dopage, terme moins approprié) par l’incorporation d’oxyde d’Yttrium (yttria) ou d’alumine.

Deux types de zircone composent les implants céramiques présents sur le marché [6] : le principal est l’Y-TZP (« Yttria stabilized Tetragonal Zirconia Polycristals »), l’autre l’ATZ (« Alumina Toughened Zirconia »), qui sert également pour la confection des forets. Le tableau 2 regroupe leurs composition, résistance à la flexion, ténacité (résistance à la fracture), module d’Young (module d’élasticité) et dureté. Le tableau 3 détaille les matériaux en développement, ZTA et Ce-TZP/Al2O3, que l’on retrouve dans la bibliographie.

Ce sont des matériaux extrêmement rigides et durs, le défi étant de faire en sorte qu’ils ne soient pas cassants. Cette caractéristique, la résistance à la propagation…

Cet article est réservé aux abonnés.
Pour lire la suite :

Vous êtes abonné.e ? Connectez-vous
Mot de passe
oublié ?

Vous pouvez également :

Acheter l'article En version numérique
Acheter le numéro À l'unité

Thèmes abordés

Sur le même sujet

Implantologie

Article réservé à nos abonnés Hypersensibilité dentinaire et récessions gingivales : impact du recouvrement radiculaire

Résumé Matériel et Méthodes : Des patients présentant une HD (score de Schiff ≥ 2) associée à des récessions gingivales (RG)...
Implantologie

Article réservé à nos abonnés Aménagement des tissus mous autour des implants : quelles options ? Quel timing ?

Historiquement, l’implantologie s’est focalisée sur l’os péri-implantaire en ciblant des critères de succès tels que le maintien de l’os marginal...
Implantologie

Article réservé à nos abonnés L’impact de la prothèse sur l’esthétique et la santé des tissus mous péri-implantaires

La restauration implanto-portée unitaire au niveau de l’arc antérieur esthétique rencontre le succès lorsque son intégration à son environnement dento-gingival...
Implantologie chirurgicale

Article réservé à nos abonnés Wall technique et autres techniques de renfort conjonctif : une approche mucogingivale de la régénération parodontale

Une technique mucogingivale au service de la régénération parodontale Les lésions infra-osseuses (LIO) et les récessions gingivales (RG) sont deux types...
Implantologie Implantologie chirurgicale

Article réservé à nos abonnés Prévention et gestion des déhiscences des tissus mous péri-implantaires : un défi esthétique

Les implants dentaires sont une option efficace et fiable pour remplacer des dents absentes [1, 2]. L’état des tissus mous...
Implantologie

Article réservé à nos abonnés Lien entre tissus mous et risques de péri-implantites : que sait-on en 2025 ?

L’implantologie dentaire moderne a connu des progrès notables au cours des quarante dernières années. Cependant, l’émergence de complications telles que...