Les maladies parodontales demeurent très fréquentes dans le monde [1] et, malgré des efforts considérables en matière d’hygiène bucco-dentaire, leur fardeau n’a guère reculé entre 1990 et 2015 [2]. Leur prévention et leur traitement reposent principalement sur l’élimination mécanique de la plaque dentaire. Toutefois, une proportion non négligeable de patients ne répond que partiellement ou pas à cette approche. Dans un article récent [3], nous avons montré que la plaque dentaire n’est pas nécessairement l’ennemi principal de la santé parodontale. Sans reprendre cette démonstration, nous avions conclu qu’un autre facteur devait jouer un rôle déterminant dans la pathogenèse parodontale, appelant à un changement de paradigme quant à la centralité attribuée à la plaque. Si tout praticien connaît l’importance des liens entre maladie parodontale et diabète [4], peu envisagent les implications d’une alimentation riche en sucres dans la progression parodontale. Pourtant, les recherches récentes convergent vers l’idée que cette progression est étroitement liée à la nutrition [5] et, plus largement, au mode de vie [6]. Parmi ces éléments, nous avons choisi de nous concentrer ici sur le sucre. Son rôle dans l’étiologie de la carie dentaire est largement établi et enseigné [7], mais son implication dans la maladie parodontale reste méconnue, voire absente de l’enseignement classique en parodontologie. Cette omission est d’autant plus surprenante qu’une recherche simple sur PubMed, croisant les termes sugar et (gingivitis OR periodont*), fait émerger plus de 2 100 références ! Les données disponibles sont abondantes et suggèrent un lien substantiel entre consommation de sucres et maladies parodontales.
L’objectif de cet article est précisément d’exposer et d’analyser ces données. Nous le ferons selon le plan suivant :
- rappeler que la maladie parodontale est une maladie inflammatoire chronique…