Le tabac est-il une contre-indication à l’implantologie ou l’implantologie une opportunité de sevrage tabagique ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°5 - 1 février 2023 (page 32-34)
Information dentaire
Les taux de succès en implantologie dentaire sont aujourd’hui très élevés, et les facteurs de risque de complications et d’échecs liés au contexte médical sont bien identifiés. Ainsi, on distingue aujourd’hui des facteurs de risque locaux, avec principalement les antécédents de parodontite [1] et l’irradiation cervico-faciale [2]. Les facteurs de risque généraux à considérer lors de l’interrogatoire médical comprennent l’immunodépression (secondaire à une pathologie ou à un traitement), le diabète non équilibré, les traitements anti-résorbeurs osseux (principalement ceux prescrits dans les cancers), mais également le tabagisme [3, 4]. Certaines situations sont des contre-indications absolues à l’implantologie dentaire (antécédents de radiothérapie au-delà de 40 Gy [5] et traitements anti-résorbeurs osseux dans le cadre des cancers), mais la plupart des risques locaux ou généraux sont aujourd’hui considérés comme des contre-indications relatives. Dans ce contexte, le tabagisme a certainement une place à part car il s’agit d’un facteur de risque modifiable.

Le chirurgien-dentiste a un rôle central dans la motivation à la réduction ou à l’arrêt de la consommation de tabac, mais aussi dans l’accompagnement au sevrage. L’objectif de cet article est d’évaluer si le tabagisme doit aujourd’hui être considéré comme une contre-indication à l’implantologie ou plutôt comme un facteur de risque de complications et d’échecs accrus.

Effets du tabac sur l’ostéointégration

Plusieurs études précliniques ont montré que ce sont les produits de combustion du tabac qui ont un effet délétère sur l’ostéointégration. En effet, la nicotine administrée seule par voie sous-cutanée n’a pas d’effet néfaste sur les processus d’ostéointégration dans la plupart des études animales sur le sujet [6, 7] : cela confirme que les substituts nicotiniques peuvent être utilisés sans risque en implantologie.

Les effets délétères de la consommation de tabac ont été observés dans plusieurs études animales et sont caractérisés par une altération des paramètres péri-implantaires. Une diminution du contact os-implant et de la densité minérale osseuse a notamment été observée.

Le tabac fumé altère les mécanismes physiologiques de l’ostéointégration par des voies multiples. Les mécanismes physiopathologiques en jeu sont similaires à ceux observés dans les autres tissus, en particulier sur le parodonte : augmentation de la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires et du stress oxydatif (radicaux libres oxygénés altérant les composants cellulaires) ; effet vasoconstricteur et altérations vasculaires liées à la nicotine fumée ; effet hypoxique du monoxyde de carbone libéré lors de la combustion. Des effets cytotoxiques de la nicotine fumée sur les fibroblastes (diminution de la migration et de l’adhésion) ainsi qu’une densité osseuse diminuée chez les fumeurs ont été observés. Enfin, le tabac provoque une fibrose des tissus gingivaux et donc une moins bonne résistance…

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