L’endocouronne : état des données actuelles

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  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°1 - 31 mars 2016 (page 58-67)
Information dentaire
La restauration des dents traitées endodontiquement présentant une perte tissulaire importante constitue un défi pour le praticien, car les altérations biomécaniques que ces dents ont subies impactent leur pronostic à long terme. Les techniques prothétiques utilisées classiquement consistent en la réalisation d’une restauration corono-radiculaire impliquant l’utilisation d’un tenon, associée à une couronne périphérique. Leur inconvénient majeur réside dans le fait que l’ancrage radiculaire fragilise la structure de la dent et augmente le risque de fracture radiculaire. Le progrès des techniques adhésives ainsi que l’avènement de la dentisterie minimalement invasive ont permis l’émergence d’une nouvelle solution prothétique sans tenon : l’endocouronne. Il s’agit d’une reconstitution adhésive ancrée dans la chambre pulpaire qui est surtout indiquée pour les molaires et apparaît prometteuse pour les prémolaires. Elle n’est à ce jour pas recommandée dans le secteur antérieur. Pour que l’utilisation de cette technique soit optimale, il faut respecter un certain design de préparation et avoir une bonne maîtrise des protocoles de collage. Les résines CAD-CAM nanochargées et les PICN sont des matériaux intéressants pour la réalisation des endocouronnes, mais les vitrocéramiques renforcées au disilicate de lithium semblent présenter plus d’avantages.

La restauration des dents traitées endodontiquement et ayant subi une perte de substance importante demeure un défi à relever. Ce type de dent a en effet une susceptibilité supérieure à la fracture, du fait de la perte de tissu provoquée par le processus pathologique (carie, fracture) et par le traitement endodontique (cavité d’accès, mise en forme canalaire). Ces altérations biomécaniques impactent le pronostic à long terme de la dent [1,2].

La solution thérapeutique souvent employée dans cette situation est la réalisation d’une restauration corono- radiculaire (RCR) impliquant l’utilisation d’un tenon, associée à une couronne périphérique [2-5]. Généralement, cette RCR est soit indirecte avec l’utilisation d’un inlay-core, soit directe en effectuant une reconstitution par un matériau inséré en phase plastique (RMIPP). Dans ce dernier cas, il s’agit souvent d’un tenon fibré associé à une résine composite. La préparation canalaire et l’utilisation de cette zone comme source de rétention fragilisent la structure de la dent et augmentent le risque de fracture radiculaire [6-10]. En cas d’échec de la thérapeutique, la nature invasive de ce type de restauration rend souvent difficiles, voire impossibles les procédures de réintervention [11].

Le progrès des techniques adhésives ainsi que l’émergence de la dentisterie minimalement invasive remettent en question l’utilisation des RCR [12]. Ainsi, un nouvel arsenal thérapeutique basé sur le principe de l’adhésion s’est développé et l’endocouronne a sa place au sein de celui-ci [13]. Cette technique est décrite pour la première fois en 1995 par Patrick Pissis [14], sous le nom de « technique monobloc », puis sous le terme d’ « endocouronne » par Bindl et Mormann en 1999 [15]. Elle correspond initialement à une reconstitution adhésive en céramique ancrée dans la chambre pulpaire, exploitant ainsi la rétention micro mécanique des parois pulpaires…

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