Les verres ionomères de restauration… En toute simplicité

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  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°2 - 15 octobre 2022 (page 18-31)
Information dentaire
Depuis plus de 60 ans, les ciments verres ionomères (CVI) sont utilisés pour les restaurations dentaires directes. Ils sont composés de charges de fluoro-alumino-silicates (FAS) et d’acide polyalcénoïque. La classification comporte plusieurs familles avec plus de 30 matériaux commercialisés. Ce sont des matériaux biocompatibles, bioactifs et ayant une adhésion naturelle aux tissus dentaires, nécessitant de préférence un prétraitement dentaire. La réaction de prise commune à l’ensemble des CVI est une réaction acide-base en trois phases. Les CVI libèrent et se rechargent en ions fluorures à court et moyen terme (dans une moindre mesure pour les CVI modifiés par addition de résine (CVIMAR)). Les propriétés mécaniques sont inférieures aux résines composites et lorsque la restauration est en contact occlusal, un consensus des propriétés minimales a permis de lister les CVI répondant à ces critères.
Malgré ces faibles propriétés mécaniques, les CVI peuvent être utilisés pour les patients à risque carieux élevé, pour une lésion carieuse active, en cas d’émail périphérique absent ou chez un patient peu coopérant. Dans ces cas, les indications sont multiples : CVI de restauration (Classes I, II, III, tunnel, V, surfaces radiculaires), CVI en bases intermédiaires. Par ailleurs, leur prise chimique et leur mise en œuvre rapide en font des matériaux « gold standard » pour l’atraumatic restorative treatment (ART) pour les restaurations temporaires sur dents permanentes et pour les restaurations sur dents temporaires.

Anne Raskin est PU-PH en biomatériaux à l’Ecole de Médecine Dentaire de la Faculté des Sciences Médicales et ParaMédicales d’Aix-Marseille Université. C’est une spécialiste des biomatériaux de restauration directe.
Pour vous présenter les propriétés et domaines d’indications cliniques des verres ionomères en toute simplicité,
elle s’est associée à trois collègues marseillais, Hervé Tassery – PU-PH en dentisterie restauratrice et endodontie, Thomas Giraud et Bruno Jacquot, MCU-PH en biomatériaux.
Pascal De March, université de Lorraine, responsable de rubrique

C’est au début des années 70’ que Wilson et Kent [1] ont proposé un nouveau type de ciment translucide bioactif à usage dentaire, les ciments verres ionomères (CVI).

L’objectif était leur utilisation en fond de cavité, le scellement des puits et fissures et l’obturation en matériau de restauration. Leur popularité s’est étendue grâce à leurs excellentes propriétés de biocompatibilité, leur réaction de prise chimique, leur coefficient d’expansion thermique proche de celui de la dent et leur adhésion naturelle aux tissus dentaires [2]. En effet, les essais cliniques sont tout à fait satisfaisants, le taux de rétention est parfois meilleur que celui des résines composites dans certaines indications cliniques et ils réduisent l’activité carieuse [3]. Par leurs propriétés chimiques, mécaniques et biologiques, ayant de multiples indications cliniques et notamment en dentisterie minimalement invasive et en traitement restaurateur atraumatique (ART), ces matériaux sont polyvalents. Il est néanmoins primordial de connaître, en fonction de leurs formulations, leurs limites et leurs caractéristiques spécifiques afin d’atteindre leur potentiel maximal.

Cet article a pour objectif de présenter cette famille de matériaux en toute simplicité.

Composition – Classification

Qu’est-ce qu’un ciment verre ionomère ?

Par définition…

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