Lésions cervicales non carieuses

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  • Publié le . Paru dans Biomatériaux Cliniques n°1 - 15 mars 2017 (page 50-57)
Information dentaire
Les lésions cervicales non carieuses (LCNC) impliquent la perte de tissus durs au niveau de la zone cervicale des dents par des processus non liés à la carie.
Il semble que les LCNC soient propres à l’homme moderne. Plusieurs études anthropologiques sur des crânes humains démontrent qu’elles étaient rares parmi les populations pré-modernes. Aujourd'hui, il s’agit d’une pathologie fréquente causée par les changements de mode de vie et de régime alimentaire. La prévalence et la gravité de l’usure cervicale augmentent avec l’âge. Il est généralement admis que les lésions ne sont pas générées par un seul facteur mais résultent d’une combinaison de facteurs. Parmi les facteurs associés à la formation et à la progression des LCNC figurent : la biocorrosion (érosion) causée par des acides intrinsèques et extrinsèques et des enzymes protéolytiques ;la friction (abrasion) causée par un brossage traumatique et probablement des contraintes (abfraction) provoquées par une parafonction, une occlusion traumatique et une application de charge. La structure et la composition des dents ainsi que leur environnement sont d’autres facteurs déterminants dans la formation de ces lésions. L’aspect clinique des LCNC peut varier selon le type et la gravité des facteurs étiologiques impliqués.
Afin de réaliser un diagnostic rigoureux de l’étiologie des LCNC multifactorielles, les chirurgiens-dentistes devraient suivre une check-list. Pour prévenir l’évolution et la formation de nouvelles lésions, ils doivent informer le patient de l’étiologie, des conséquences de la présence des lésions, des méthodes de prévention et des alternatives de traitement.

Partie 1 - Prévalence, aspect et étiologie

Les lésions cervicales non carieuses (LCNC ; Non-Carious Cervical Lesions, NCCL en anglais) sont des états pathologiques caractérisés par la perte de structure dentaire au niveau de la jonction amélo-cementaire qui ne sont pas liés à la carie dentaire [8] (fig. 1).



L’apparition de ces lésions est de plus en plus rencontrée dans la pratique clinique dentaire. Cet article se propose de fournir une synthèse à jour de la prévalence, de l’aspect et de l’étiologie de la LCNC. Une check-list est présentée pour analyser l’étiologie des lésions d’usure cervicale. Dans un deuxième article, les possibilités de traitement des LCNC seront discutées. Puis un troisième abordera la restauration adhésive de ces lésions.

Prévalence

Il a été établi que la prévalence des LCNC varie entre 5 % et 85 % [2, 7]. Cette grande variation peut être due au large éventail d’âges des participants des deux sexes dans les populations étudiées, ainsi qu’aux divers critères utilisés pour distinguer les lésions causées par un facteur étiologique précis.

La prévalence, la gravité et la progression des LCNC augmentent avec l’âge. Cela s’explique par une exposition prolongée aux facteurs étiologiques, une augmentation des récessions gingivales et une perte osseuse qui expose davantage les surfaces radiculaires ; le risque de lésions cervicales est aussi augmenté, du fait de la diminution quantitative et qualitative de la salive et des changements dans la composition et la microstructure de l’émail et de la dentine [2, 10, 18].

Les LCNC sont presque exclusivement situées sur les faces vestibulaires des dents, rarement sur les faces linguales et proximales. Plusieurs études ont montré qu’elles sont plus marquées sur les incisives, les canines et les prémolaires et qu’elles sont plus fréquentes sur le maxillaire qu’à la mandibule [7, 11].

Aspect

En général, les LCNC varient…

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