Molaires compromises : conserver ou extraire ?
Le point de vue de l’orthodontiste

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°41 - 26 novembre 2025 (page 48-59)
Information dentaire
La première molaire permanente (PMP), pilier de l’occlusion, est aussi l’une des dents le plus souvent compromise dès l’enfance. Son délabrement, lié aux caries ou aux anomalies de minéralisation, pose un véritable défi thérapeutique. Entre conservation et extraction, la décision doit être individualisée et s’appuyer sur une approche pluridisciplinaire, guidée notamment par l’âge du patient et le contexte orthodontique.

La première molaire permanente (PMP) délabrée représente un challenge pour le binôme dentiste-orthodontiste. En effet, sa large surface occlusale lui confère un rôle primordial dans la fonction masticatoire. En 1900, Edward Angle la qualifie de « pierre angulaire de l’occlusion », et fonde sa classification sur sa position antéro-postérieure [1]. Avec son antagoniste, elle constitue le couple dentaire offrant la plus grande stabilité occlusale et participe au développement des arcades dentaires. De plus, la PMP joue également un rôle de guide d’éruption pour les prémolaires et les secondes molaires permanentes [1].

L’éruption de la PMP débute vers l’âge de 6 ans et son édification radiculaire s’achève aux alentours de 9-10 ans.

La précocité de son éruption, à un âge où les manœuvres d’hygiène restent difficiles, associée à une anatomie occlusale complexe et à sa position distale sur l’arcade, la rendent particulièrement vulnérable au développement rapide de lésions carieuses, notamment lorsqu’elle est encore immature [2]. En effet, l’émail de la PMP immature, plus poreux, subit des remaniements de surface sous l’action de la salive (maturation post-éruptive), ce qui le rend plus sensible aux déminéralisations carieuses [2, 3]. Par ailleurs, le système de sensibilité pulpo-dentinaire étant encore immature, l’évolution des lésions carieuses se fait à bas bruit, sans douleur, contrairement aux PMP matures [2, 3].
Une autre pathologie à forte prévalence, estimée à 14,2 % au niveau mondial [4], peut également être responsable d’un délabrement accéléré de la PMP : l’hypominéralisation molaires-incisives (MIH). Cette anomalie rend l’émail poreux et fragile, augmentant considérablement la cario-susceptibilité [5]. Selon Alkhadra et al., 50 % des enfants de plus de 11 ans ont au moins une PMP cariée et 6 % ont un MIH atteignant une ou plusieurs PMP [6].

Le choix du traitement…

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