CPEA Rubrique dirigée par Pierre Machtou et Dominique Martin
La plupart des douleurs affectant nos patients sont d’origine inflammatoire avec une étiologie infectieuse, essentiellement pulpaires ou parodontales. Ces douleurs sont le plus souvent identifiables en raison de critères diagnostiques relativement précis [1]. Le diagnostic peut cependant se révéler ardu, car la porte d’entrée bactérienne peut être difficile à visualiser. Les tests de vitalité ne sont pas fiables à 100 %, l’interprétation de l’imagerie peut être ambiguë, la communication patient/praticien peut être malaisée, etc. Par ailleurs, la douleur, même ressentie dans une ou plusieurs dents, peut avoir une autre origine (douleur primaire vs secondaire). C’est le cas des douleurs « dentaires » ressenties lors de sinusites maxillaires, de douleurs musculaires, ou dans le cas rare mais classique de douleurs canines ou mandibulaires gauches témoignant d’une affection cardiaque.
Même compliquée par les douleurs référées, la douleur répond au schéma cartésien de l’excitation d’une source nerveuse périphérique par un agent infectieux ou par une lésion tissulaire, qui transmet cette activation en ligne plus ou moins directe au cerveau où sera perçue la douleur. Celle-ci est alors un signal d’alerte qui permet de protéger l’organisme d’un dommage corporel grâce aux réactions qu’elle suscite. D’un point de vue thérapeutique, il suffit de traiter la source, de dépulper ou d’extraire et d’attendre la cicatrisation pour calmer la douleur.
Concepts
Nous savons aujourd’hui que ce concept est insuffisant pour expliquer de nombreuses douleurs qui persistent en dépit de la cicatrisation ou qui apparaissent en l’absence de lésion apparente. De nombreux travaux de recherche ont montré que les processus biologiques en cause sont complexes et dynamiques. Par exemple, l’exposition chronique de la pulpe aux bactéries modifie le phénotype neuronal qui entraînera ensuite des changements…