La réhabilitation prothétique des pertes de substance maxillo-faciales d’origine traumatique représente un véritable défi en médecine bucco-dentaire. Lorsqu’elle fait suite à un traumatisme balistique, la prise en charge devient plus complexe. En effet, elle s’accompagne d’atteintes tissulaires souvent majeures, ainsi que de séquelles fonctionnelles, esthétiques et psychologiques profondes. À cela peuvent s’ajouter des contraintes techniques liées aux reconstructions osseuses et aux difficultés d’accès, tant pour la partie chirurgicale que prothétique.
Ces situations cliniques nécessitent une approche pluridisciplinaire, dans laquelle la réhabilitation prothétique s’inscrit comme un maillon essentiel du parcours de soin global.
Par ailleurs, l’impact psychologique de ces traumatismes, souvent liés à des contextes de guerre, de migration ou de tentative d’autolyse, renforce la nécessité d’une approche globale du soin, tenant compte des répercussions sociales, identitaires et culturelles du patient.
Dans ce cadre, le rôle de l’interne en médecine bucco-dentaire prend une dimension singulière. Il ne se limite pas à l’exécution technique, mais s’étend à la coordination des différentes phases du traitement : liaison entre les équipes chirurgicales, le laboratoire de prothèse et le patient. L’interne participe activement à la planification thérapeutique, à la gestion des contraintes cliniques et à la construction progressive d’un projet de soin cohérent.
Le présent article s’inscrit dans cette perspective. Il vise à illustrer les enjeux d’une prise en charge prothétique complexe après traumatisme balistique, à travers l’expérience clinique d’un interne impliqué dans l’ensemble du parcours de soin.
Le patient et le parcours de soin
Le patient, âgé de 29 ans, a été victime d’un traumatisme balistique survenu dans un contexte de conflit armé à l’étranger, entraînant des lésions…