Le mérycisme (ou syndrome de rumination) est un trouble caractérisé par des épisodes répétés de régurgitations alimentaires sans effort, de l’estomac vers la bouche, suivies de leur remastication. Le mécanisme physique qui génère ces régurgitations relève d’un processus involontaire, qui modifie les pressions abdominale et thoracique, accompagné d’une jonction œsophagienne-gastrique permissive [1]. Selon certaines études épidémiologiques, la prévalence dans le monde serait de 3,1 % [2]. Si ce syndrome de rumination était initialement décrit comme une maladie limitée aux enfants et aux personnes présentant des anomalies du développement cognitif, il est désormais établi qu’il peut être observé dans la population générale. Chez les adultes, le mérycisme est souvent associé aux individus de sexe féminin et aux troubles anxieux et dépressifs [3]. Bien qu’il soit considéré comme une maladie rare, le mérycisme a été classé ces dernières années en deux entités : comme trouble fonctionnel, selon les critères de Rome IV, et comme trouble de l’alimentation, selon le DSM-5 [1]. Le traitement médical est axé en première intention sur les thérapies comportementales, réservant les thérapies pharmacologiques et chirurgicales aux cas réfractaires [2, 4-6].
Les remontées du bol alimentaire sont rarement un motif de consultation pour les patients, souvent en raison d’un sentiment de honte, ou simplement à cause du fait que ce réflexe est inconscient. Le syndrome peut néanmoins être détecté à la suite de complications. Ce rapport de cas traite spécifiquement d’un diagnostic de ce trouble gastro-intestinal à la suite d’une complication au niveau bucco-dentaire, à savoir la présence d’usures érosives au niveau des faces occlusales des secteurs prémolo-molaires. Les chirurgiens-dentistes sont en première ligne pour poser un diagnostic de mérycisme du fait de l’aspect clinique caractéristique des lésions…