L'Information Dentaire n°31 - 17 septembre 2025

Vagabondages…

Qui ne s’est jamais évadé dans ses pensées durant un acte clinique ? Je dois avouer que lors d’interventions habituelles, simples, il peut m’arriver de partir un court instant dans des réflexions très éloignées des murs de mon cabinet. Quelle erreur ! Car il est clairement reconnu que les incidents, voire les accidents se produisent davantage durant un acte courant, que l’on pense simple, par baisse de la concentration. Nous connaissons tous le principe de l’accident de voiture qui survient sur un trajet connu, parfois à quelques mètres du domicile.

Au cours d’une journée, ces temps où la concentration nous fait défaut sont parfois difficiles à contrôler, à réprimer. En effet, chacun rêve éveillé au moins une fois par jour et le vagabondage de l’esprit représente environ 25 à 47 % des pensées à l’état d’éveil [1]. Pour réduire ces phases de « rêve éveillé », une option serait de prendre une vraie pause avant un acte, notamment consommateur d’attention. Ainsi, l’esprit reposé pourrait rester concentré sur la seule tâche à effectuer. Mais notre cerveau peut-il réellement se reposer ? Pour les spécialistes des sciences cognitives ou neurologiques, la réponse est clairement négative. Il est soit en pensée spontanée, soit en pensée volontaire et contrôlée. Aussi, le temps préintervention peut-il servir soit à nous évader, soit à préparer mentalement l’acte nécessitant concentration et précision. En effet, ces temps de pensée spontanée peuvent permettre d’optimiser la mémoire et maintenir l’attention sur les objectifs du moment [1]. Ces moments d’évasion voulue, de pensée spontanée, contribuent à l’amélioration de la mémoire et à la gestion des préoccupations quotidiennes [1] ; ils ne sont donc pas inutiles, mais doivent être gérés pour ne pas parasiter l’action.

Si l’importance des capacités cérébrales n’est pas encore totalement élucidée, leur influence sur les réactions physiologiques, les perceptions, est connue [2]. En ce sens, la communication avec les patients peut nous permettre de favoriser l’observance d’un traitement, son acceptation. Et lors d’un soin, les mots choisis peuvent conduire les patients à partir en vagabondage cérébral, facilitant l’acceptation du moment.

Laissez-vous maintenant vagabonder un peu pour mieux apprécier ce numéro qui fourmille d’informations transmises lors de la JIP 2025.

Michel Bartala, Rédacteur en chef

1. Mildner JN, Tamir DI. Why do we think? The dynamics of spontaneous thought reveal its functions. PNAS Nexus 202;3(6):230.

2. Batool S, Dahal A, Athni TS, Naples JG. Using Creative Activities to Improve the Postoperative Experience of Adult Patients. Otolaryngol Head Neck Surg 2025;172(5):1801-1804.