Feuilleter un extrait
Information dentaire

L'Information Dentaire n°35 - 15 octobre 2025

Je m'abonne >
Acheter ce numéro >

Edito

L’IA remplacera-t-elle le chirurgien-dentiste ? Peut-être faites-vous partie, comme moi, de ceux qui pensent naïvement que l’intelligence artificielle (IA) ne pourra pas nous remplacer. En effet, à la place du patient, je ne serais pas rassurée qu’un robot s’approche de ma bouche grande ouverte et que ses bras articulés y réalisent un soin tout en étant éveillée et bien consciente de sa présence. Rejeter en bloc l’IA n’est pas...

L’IA remplacera-t-elle le chirurgien-dentiste ?

Peut-être faites-vous partie, comme moi, de ceux qui pensent naïvement que l’intelligence artificielle (IA) ne pourra pas nous remplacer. En effet, à la place du patient, je ne serais pas rassurée qu’un robot s’approche de ma bouche grande ouverte et que ses bras articulés y réalisent un soin tout en étant éveillée et bien consciente de sa présence. Rejeter en bloc l’IA n’est pas une bonne option, car elle peut vraiment être un outil très utile voire indispensable. En outre, qu’on le veuille ou non, les patients nous font davantage confiance lorsque nous bénéficions du soutien de l’IA. Des radiographies panoramiques aux scanners intra-oraux, elle est un puissant moyen d’instaurer la confiance – et c’est d’ailleurs justifié.

On le voit dans l’article de Thibaut Graf et coll., la réalisation de guides lors de chirurgie orale permet de réduire les risques de dommages des structures anatomiques proches. Grâce au ciblage de la zone, la précision de l’acte est augmentée tout en respectant davantage les tissus périphériques. Le gain de temps de ce type d’intervention avec guide est un atout non négligeable.

L’IA ouvre la voie à une médecine plus prédictive et plus personnalisée. Elle pourra identifier des facteurs de risque invisibles à l’œil humain, anticiper l’évolution de certaines pathologies et assister le praticien dans des choix thérapeutiques toujours plus précis. Espérons que dans un avenir proche, elle pourra nous aider à mieux dépister les patients à risque de développer des péri-implantites. Car comme le décrit Francis Mora, elles n’ont pas fini de nous embêter ! Son article passe en revue la conduite à tenir, du dépistage au suivi en passant par les actes thérapeutiques. On pourrait aussi imaginer une application (peut-être déjà dans les cartons) qui reconnaisse les différentes pathologies de la langue et qu’une simple photo permettrait de valider sans même l’avis d’un spécialiste. En attendant, Jean-Christophe Fricain et Mathilde Fénelon proposent un Focus sur le sujet, à conserver précieusement.

L’IA promet aussi d’alléger certaines tâches administratives, chronophages et souvent ressenties comme une charge inutile dans nos cabinets. Et demain ? Si l’on questionne l’IA (chatGPT) sur l’avenir du métier de chirurgien-dentiste, elle se veut rassurante et nous rappelle que « la pratique dentaire ne saurait se réduire à une suite de diagnostics et de protocoles. Être chirurgien-dentiste, c’est aussi comprendre un patient dans sa globalité, l’écouter, saisir ses inquiétudes, composer avec son histoire médicale et ses attentes. C’est construire une relation de confiance, parfois sur plusieurs années, où le geste technique s’entrelace avec une dimension humaine irremplaçable ».

En revanche, si vous lisez l’interview de Laurent Alexandre* réalisée par l’UFSBD sur « le remplacement du chirurgien-dentiste par un robot », il n’est pas aussi rassurant : « D’ici une vingtaine d’années, le chirurgien-dentiste sera aux ordres de systèmes experts, de la même manière que les assistants dentaires d’aujourd’hui sont subordonnés aux dentistes », « le tsunami technologique laisse entrevoir ses contours à l’horizon ; les autorités responsables se préparent-elles, pour autant, à son arrivée et à son déferlement ? Les pouvoirs publics lancent-ils des réflexions sur le sujet, se penchent-ils sur la conception et la construction de digues, de garde-fous ? » Heureusement, il conclut qu’il n’est « pas trop tard pour changer de paradigme ».

Restons optimistes mais vigilants. Il ne s’agit pas de redouter une substitution, mais de préparer une alliance. Le chirurgien-dentiste augmenté par l’IA sera sans doute plus efficace, plus sûr, mieux informé. Mais c’est toujours lui – avec sa main, son regard et son empathie – qui restera maître à bord.

Michèle Reners, Rédactrice en chef

*https://www.nextdentiste.com/les-nouvelles-technologies

Voir plus

Édito

L’IA remplacera-t-elle le chirurgien-dentiste ?
Michèle Reners

Actualités

Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle

Formation

Traitement des péri-implantites : quelles solutions ?
Francis Mora

Focus sur les variations physiologiques de la langue
Jean-Christophe Fricain, Mathilde Fénelon

Protocole d’avulsion de dents surnuméraires incluses par chirurgie guidée – À propos de deux cas cliniques
Thibaut Graf, Emma Fribourg, Sylvain Catros, Mathilde Fénelon

Fiscalité

Précisions sur la réforme de l’assiette des cotisations et contributions sociales des indépendants
Bernard Fabrega