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Information dentaire

L'Information Dentaire n°38 - 5 novembre 2025

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Edito

Le « smile design », c’est bien… mais le sourire, c’est mieux Bon, à la fin de la réunion, on se fait un débrief pour éviter que nos idées soient en overlap, et on se fixe une date ASAP* pour une conf call pour avoir vos feedbacks ! » OK ! Même si j’aime beaucoup l’anglais, et que la réunion se déroulait en Aquitaine, ancien territoire britannique, j’avoue que ce flot d’anglicismes...

Le « smile design », c’est bien… mais le sourire, c’est mieux

Bon, à la fin de la réunion, on se fait un débrief pour éviter que nos idées soient en overlap, et on se fixe une date ASAP* pour une conf call pour avoir vos feedbacks ! » OK ! Même si j’aime beaucoup l’anglais, et que la réunion se déroulait en Aquitaine, ancien territoire britannique, j’avoue que ce flot d’anglicismes fut too much ! Nous en avions déjà parlé dans ces colonnes et la mode s’accentue.

Il faut bien avouer que nous autres, professionnels de santé, avons développé un drôle de tic linguistique. À force de formations, de congrès et de webinaires, nous ne parlons plus vraiment français. Nous “scannons”, nous “checkons”, nous “briefons” l’assistante avant le “bonding”, et nous promettons au patient un “smile design” parfait que nous stockons dans le cloud.

On ne soigne plus une dent, on fait du chairside workflow. Certes, les termes anglais ont leurs vertus : ils sont courts, efficaces, modernes. Dire “mock-up” va plus vite que “maquette provisoire esthétique”. “Scanner intraoral” sonne mieux que “numérisation buccale directe”. Et puis, ça fait sérieux. On se sent à la pointe, presque cosmopolite. Mais à trop vouloir être “trendy”, on finit par perdre un peu de notre propre saveur.

Le français du cabinet devient un dialecte hybride : un mélange de jargon, de technique et de marketing. Et bientôt, qui sait, on proposera un black friday du détartrage.

Derrière la boutade, il y a une vraie question : que dit notre langage de notre rapport au métier ? Les mots façonnent notre manière de penser. Quand on parle d’“expérience patient” plutôt que de “prise en charge”, on glisse doucement d’une relation humaine à une relation de service. Quand on remplace “cabinet” par “dental office”, on oublie un peu qu’on exerce ici, en France, avec notre culture, nos rapports humains et notre si belle langue.

Bien sûr, il ne s’agit pas de renier la modernité. Les innovations viennent souvent d’ailleurs, et l’anglais est la langue commune de la science. Mais entre l’ouverture internationale et la soumission lexicale, il y a une nuance. Et c’est précisément ce sens du détail qui fait notre métier : précision du geste, précision du mot.

Alors, continuons à “scanner”, à faire des “etchings” et favoriser la “ferrule” si ça nous amuse – mais n’oublions pas de parler français aussi. Lors du congrès de l’ADF dans quelques semaines, amusez-vous à relever tous les anglicismes énoncés par des conférenciers français. Et pour celui qui maniera le mieux notre langue, pourquoi ne pas imaginer de lui décerner un Molière du conférencier ? Un peu de légèreté pour garder le sourire… ça, c’est universel et tellement agréable.

Michel Bartala

Rédacteur en chef

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