L'Information Dentaire n°40 - 19 novembre 2025

La science, racine de nos pratiques

Il y a quelques semaines, en feuilletant un ancien numéro d’une revue de vulgarisation scientifique, je suis tombé sur un article mettant en avant la recherche d’une équipe suédoise* ayant permis à des patients atteints de kératocône avancé, pathologie créant une déficience visuelle partielle à totale, de retrouver la vue. Fantastique !

À l’approche du congrès de l’ADF, je ne peux m’empêcher de penser à toutes les conférences très cliniques, « pratico-pratiques » (argument ultime pour attirer les auditeurs) sur le collage, la zircone, l’implantologie et toutes matières cliniques qui sont toutes présentes grâce à la recherche. Les mots « recherche », « matières fondamentales » ou « réflexion thérapeutique » placés sur un titre de conférence ou d’article font souvent fuir les auditeurs ou les lecteurs. Et pourtant, sans chercheur, pas de collage, pas d’implantologie, pas de composite… et la liste est longue car elle englobe la totalité de nos activités de soignant.

Nous pratiquons chaque jour une chirurgie dentaire perfectionnée par la science des laboratoires de recherche. En cabinet, nous vivons dans l’immédiateté du soin. Nos journées sont rythmées par le concret : une carie, une empreinte, une anesthésie, un sourire retrouvé. Pourtant, derrière chaque acte, il y a une longue histoire faite d’essais, d’erreurs et de découvertes. La recherche fondamentale, discrète, et souvent invisible, est la véritable base de notre pratique quotidienne. Chaque progrès technique que nous considérons comme évident aujourd’hui a d’abord été une hypothèse testée dans un laboratoire.

Certes, lire ou écouter les résultats d’une étude issue de recherches peut parfois s’apparenter à l’apprentissage d’une langue étrangère. Les noms de molécules, de bactéries (où le latin me rappelle mes difficultés adolescentes avec les déclinaisons) ou les tests mécaniques, sans oublier la cohorte de tests statistiques, nous font vite perdre pied (soit environ 30,48 cm) et l’envie de poursuivre dans la compréhension du futur intérêt clinique de ces études. Pourtant, il est tellement important de comprendre le pourquoi de nos gestes cliniques. La recherche travaille pour le clinicien. Elle explore avant que nous appliquions. Le chercheur observe la cellule, les matériaux, le praticien soigne le patient, mais la finalité est la même : comprendre pour mieux soigner.

S’intéresser, même un peu, à la recherche, c’est investir dans notre avenir, encourager la curiosité, l’innovation et piquer cette part de doute qui pousse à s’améliorer. Car notre métier repose autant sur la main du praticien que sur l’esprit du chercheur. Avec des articles parfois plus « fondamentaux », nous vous proposons de peu à peu apprécier la recherche et ses futures applications cliniques.

Bonne lecture !

Michel Bartala, Rédacteur en chef