Feuilleter un extrait
Information dentaire

L'Orthodontiste n°2 - 15 avril 2025

Je m'abonne >
Acheter ce numéro >

Edito

Et vous, quel est votre avis sur la prescription d’un CBCT lors d’un traitement orthodontique chez l’adulte ? Superposer les planifications virtuelles et le CBCT de nos patients adultes afin d’analyser la position des racines dans l’os, optimiser leur déplacement et in fine minimiser les complications parodontales à court et long terme ? Magnifique ! Mais, au-delà de la question de la prédictibilité des mouvements, il nous faut également prendre en...

Et vous, quel est votre avis sur la prescription d’un CBCT lors d’un traitement orthodontique chez l’adulte ?

Superposer les planifications virtuelles et le CBCT de nos patients adultes afin d’analyser la position des racines dans l’os, optimiser leur déplacement et in fine minimiser les complications parodontales à court et long terme ? Magnifique ! Mais, au-delà de la question de la prédictibilité des mouvements, il nous faut également prendre en compte la balance bénéfices-risques, notamment en ce qui concerne l’exposition aux radiations.

Étonnant ! La présence de défauts osseux chez des individus n’ayant jamais bénéficié d’un traitement orthodontique a été étudiée… et les résultats sont surprenants ! Evangelista et al. (AJODO, 2010) ont examiné sur CBCT la prévalence des déhiscences et fenestrations chez 79 patients de classe I et 80 patients de classe II/1 (total de 4319 dents). Leurs observations ? Des déhiscences et des fenestrations présentes dans respectivement 51,09 % et 36,51 % de l’échantillon. Les déhiscences étaient majoritairement situées au niveau de la mandibule (57,35 %), tandis que les fenestrations se retrouvaient plus fréquemment au maxillaire (68,4 %), sans lien avec la typologie faciale.

Concrètement ! Avant de débuter nos traitements, nous évaluons le phénotype parodontal et nous identifions les mouvements orthodontiques à risque. Afin de garantir le succès des déplacements orthodontiques de dents présentant un phénotype parodontal fin et/ou réduit, nous mettons en place une concertation pluridisciplinaire entre l’orthodontiste, le praticien traitant et/ou le parodontiste (Dridi SM, Charavet C, L’Orthodontiste. 2022). Pourtant, malgré ces précautions, des récessions gingivales (RG) peuvent parfois survenir, souvent de manière isolée, en cours de traitement orthodontique ou lors d’un contrôle de contention, parfois plusieurs années après la fin du traitement.

Scientifiquement parlant ! Cadenas de Llano-Pérula et al. (EJO, 2023) ont réalisé une revue systématique de la littérature portant sur les facteurs de risque associés au développement des RG après traitement orthodontique d’après 48 articles analysés. La prévalence, la gravité et l’étendue des RG étaient significativement plus élevées après orthodontie dans respectivement 10/15, 4/10 et 2/2 des articles ayant analysé ces critères. De plus, 10 articles sur 16 ont rapporté une augmentation significative du nombre de RG et une hauteur coronaire clinique augmentée lors de mouvements de vestibuloversion incisive. Parmi les autres facteurs de risque identifiés, on retrouve la présence préalable d’une RG, un biotype gingival fin… mais il a également été observé que les RG avaient tendance à s’aggraver avec l’âge des patients !

Parallèlement ! Un examen CBCT (tomodensitométrie volumique à faisceau conique) chez l’adulte du maxillaire et de la mandibule délivre une dose moyenne efficace de 0,5 mSv (champ 8x8 jusqu’à 12x8 selon la corpulence ; entre 700 et 1000 mGy.cm² selon les machines - DAP (Dose Area Product)), soit l’équivalent d’environ 15 jours d’exposition aux radiations naturelles. Pour information, une radiographie panoramique et une téléradiographie de profil chez l’adulte délivrent une dose moyenne efficace 0,05 mSv (entre 50 et 150 mGy.cm² selon les machines). Mais Attention ! Au moins trois risques sont à considérer. Interprétation : Il est essentiel de rappeler que la responsabilité de l’interprétation complète d’un CBCT grand champ doit être assurée par le praticien qui a réalisé le cliché. Taille du champ : cet examen préalable, pour être pertinent, nécessite d’être un champ de moyenne ou grande taille. Recommandations : Enfin, la Fédération Française d’Orthodontie (FFO) a publié des recommandations de bonne pratique concernant les indications et champ d’application du CBCT en orthodontie.

Pratiquement ! Grâce à des logiciels permettant de superposer les images CBCT avec celles des mouvements dentaires, il est maintenant possible de visualiser en 3 dimensions non seulement le déplacement des couronnes, mais surtout celui des racines au sein de l’enveloppe parodontale (os et gencive) tout au long du traitement. Ces informations essentielles nous permettraient d’appréhender le déplacement dentaire dans sa globalité, en accordant autant d’importance à l’évaluation de la position et du mouvement des racines qu’à celle des couronnes. Faudrait-il réaliser ce « matching » systématiquement en début de traitement ou uniquement en cas de problème ? En tout cas, cette approche pourrait permettre de planifier différemment certains mouvements orthodontiques (couronne et racine), d’anticiper certaines interventions préalables visant à modifier le phénotype par une augmentation simultanée de l’os et des tissus mous, de limiter ces interventions après le traitement orthodontique ou encore d’aider à la réalisation – notamment par chirurgie guidée – d’autres techniques (pose d’un ancrage, piézocision, etc.). Concomitamment, cette approche pourrait renforcer significativement la communication pluridisciplinaire entre les professionnels de santé, ainsi que les échanges avec nos patients, garantissant une meilleure information et, par conséquent, une meilleure compréhension de leur traitement. Enfin, Jepsen K, Sculean A et Jepsen S (Periodontology 2000. 2023) soulignent d’ailleurs que “Advanced recession defects resulting from tooth movements outside the bony envelope — often associated with rapid arch expansions — may be considered as treatment errors”.

Et donc ! Nos traitements orthodontiques pourraient-ils être encore améliorés ? L’optimisation du déplacement orthodontique passerait-elle par une approche plus globale, intégrant à parts égales le mouvement des couronnes et des racines, plutôt que de le considérer comme un déplacement coronaire avec des répercussions sur les racines ? La santé orale de nos patients en bénéficierait-elle davantage à court et long terme ? Il nous paraît essentiel d’ouvrir le débat, tant sur le plan clinique que scientifique, afin d’évaluer si les bénéfices médicaux s’avèrent suffisants au regard du risque potentiel encouru avec l’exposition aux radiations.

Amicalement vôtre,

Carole Charavet, Yves Ponchet, Jean-Michel Foucart, Nicolas Boissi, Virginie Monnet-Corti

Voir plus

Éditorial

Carole Charavet, Yves Ponchet, Jean-Michel Foucart, Nicolas Boissi, Virginie Monnet-Corti

Actualités

Nicolas Fontenelle

Revue de presse scientifique

Carole Charavet

Évaluation tridimensionnelle de l’appareil Carriere Motion 3D dans le traitement de la malocclusion de classe II
Quelle est la prévalence et quels sont les facteurs de risque associés au syndrome du fil chez les étudiants en odontologie ? Une étude transversale
Efficacité de la chirurgie orthognathique chez les patients atteints de SAOS : une revue systématique et méta-analyse
Qualité des informations sur la chirurgie orthognathique sur les réseaux sociaux : une revue

Point sur

Les perturbateurs endocriniens en orthodontie

Claire-Adeline Dantagnan, Sylvie Babajko, Katia Jedeon, Julia Bosco, Elisabeth Dursun, Jean-Pierre Attal

Le point de vue du kinésithérapeute

Frein lingual court : couper, étirer ou ne pas traiter ?

Hélène Gil

Mise au point

Adultes et Fentes labio-palatines (FLP) : quelles approches thérapeutiques ?

Bruno Grollemund, Olivier Etienne, Caroline Dissaux

Rayons X

Yves Ponchet, Marie Pierre Calop, Franck Afota, Carole Charavet

8e Grand Prix en orthodontie

L’Orthodontiste et Orthoplus s’associent

Les cas cliniques lauréats catégorie “Adultes”

Rétrognathisme, asymétrie & SAHOS chez le jeune adulte : protocole orthodontico‑chirurgical

Traitement ortho-chirurgical d’une dissymétrie dento-squelettique complexe en technique linguale

Traitement d’un patient en classe II associée à une DDM

 

Précongrès

57e Congrès de printemps du Collège Européen d’Orthodontie (Strasbourg 2025)

Thibaut Siebert, Magali Mujagic/p>

Postcongrès

Congrès Francophone d’Orthodontie

Carole Charavet, Sarah Chauty