A l’occasion de la journée européenne de sensibilisation au bon usage des antibiotiques le 18 novembre 2016, trois agences nationales – Santé publique France, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement et du travail (ANSES) – ont publié les chiffres clefs de la consommation et de la résistance aux antibiotiques en santé humaine et en santé animale en France sur les dix dernières années (2005-2015). Le bilan est mitigé.
Certaines résistances déclinent, comme la résistance des pneumocoques à la pénicilline (passée de 41 à 23 %) et aux macrolides (passé de 39 au 22 %) et celle du Staphylococcus aureus à la méticilline (passé de 27 à 16 %).
A l’inverse, le taux de résistance des Escherichia coli aux céphalosporines de 3e génération s’est envolé, passant de 1,4 % en 2005 à 11,9 % en 2015. Des résultats liés à une consommation d’antibiotiques toujours trop élevés, selon les auteurs, malgré les actions engagées depuis le début des années 2000.
La consommation d’antibiotiques est globalement en augmentation sur les dix dernières années en secteur de ville et stable en établissements de santé. En ville (93 % des antibiotiques prescrits), les taux de consommation sont passés de 28,9 doses/1 000 habitants/jour à 29,9 doses/1 000 habitants/jour entre 2005 et 2015. Avec de forte disparités : 24 doses/1 000 habitants/jour dans les Pays-de-la-Loire et de plus 32 doses dans les Hauts-de-France. En milieu hospitalier (7 % de prescriptions), la consommation d’antibiotiques est passée de 2,4 doses/1 000 habitants/jour à 2,2 doses/1 000 habitants/jour. Pour améliorer encore la situation, un premier « Comité Interministériel pour la Santé » consacré à l’antibiorésistance a mis au point une feuille de route gouvernementale composée de 40 actions réparties en 13 mesures phares, visant à diminuer la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici à 2018. Le gouvernement doit y consacrer 300 millions d’euros.
Au programme, mesure, surveillance et recherche en matière de maîtrise de l’antibiorésistance, sensibilisation et communication auprès du grand public et surtout formation des professionnels de santé aux bons usages des antibiotiques en médecine humaine et vétérinaire avec un renforcement de l’encadrement de la prescription des antibiotiques, une modification des conditionnements de ces médicaments et le développement de mesures de prévention, en particulier la vaccination. Chaque année en France, 12500 décès sont liés à une infection à bactérie résistante aux antibiotiques. A l’échelle mondiale, les résistances microbiennes seraient actuellement responsables de 700000 morts par an.
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