Branche dentaire : plus de salariés, des salaires en hausse, mais un turnover inquiétant

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Information dentaire

L’Observatoire des métiers dans les professions libérales (OMPL) vient de publier un baromètre sur l’évolution des emplois dans les cabinets dentaires libéraux entre 2017 et 2022.
Cette étude, fondée sur les données DSN (Déclarations sociales nominatives), met en évidence des tendances fortes : hausse des effectifs, féminisation persistante, structures plus importantes ou encore progression des CDI.

Entre 2017 et 2022, les effectifs salariés de la branche dentaire (cabinets libéraux) ont bondi de 35,7 %. La progression des effectifs n’a pas été uniforme.
Trois familles de métiers se distinguent par des hausses impressionnantes : les chirurgiens-dentistes salariés, les responsables administratifs et les secrétaires.

Les premiers enregistrent une envolée de 155 %, passant de 5,3 % des salariés en 2017 à 9,9 % en 2022 (6 192 praticiens). Cette évolution, bien que partant d’une base modeste, explique à elle seule 8,1 points de la croissance globale. Le nombre d’assistants et aides dentaires progresse de 24,8 %, mais leur importance relative en nombre s’infléchit (72,5 % de l’ensemble des salariés en 2017 contre 66,7 % en 2022, soit 41 813 salariés). «

Par un effet de volume, ils restent néanmoins le moteur d’expansion principal des effectifs de la branche : leur progression explique la moitié de la croissance globale du nombre de salariés », décrypte l’OMPL. Les secrétaires et les responsables administratifs affichent des hausses également marquées : +50,1 % pour les premiers, soit 11 416 personnes (18,2 % de l’ensemble), et +62,2 % pour les seconds, leur part dans les effectifs totaux restant encore modeste (1,3 %, soit 814 salariés). Les agents d’entretien (+8,7 %) suivent la tendance, de même que les prothésistes salariés (+34,3 %).

Des entreprises qui grossissent
Cette montée en puissance du nombre de salariés est en corrélation avec la recomposition des structures. Les établissements de dix salariés et plus prennent une place croissante. Chez les chirurgiens-dentistes salariés, la proportion travaillant dans ces entités passe de 43,9 % à 68,7 %.

Les secrétaires suivent la même tendance, avec une progression de près de 20 points. Quant aux responsables administratifs, plus d’un sur deux exerce désormais dans un grand cabinet de groupe. Cette évolution reflète l’essor des sociétés « commerciales et assimilées », notamment les sociétés d’exercice libéral (SEL), qui favorisent la mutualisation des moyens et la diversification des services.
Elle marque aussi un tournant entrepreneurial dans un secteur historiquement dominé par des cabinets de petite taille. En 2025, les cabinets individuels ne représentent plus que 22 % de l’ensemble des structures, indiquait la Drees en août dernier (lien).

Contrats et temps de travail : CDI majoritaire mais en recul
Si le contrat à durée indéterminée reste la norme, il recule. En 2022, 81,3 % des salariés sont en CDI, contre 87,6 % dans l’ensemble du privé hors intérim. La baisse de quatre points par rapport à 2017 s’explique par la montée des contrats d’apprentissage et de professionnalisation, notamment chez les assistants dentaires et les secrétaires.

Les disparités de genre sont notables. Les hommes sont par exemple plus présents en CDD, avec un taux de 10 %, contre 5,7 % pour les femmes. C’est particulièrement vrai pour les assistants dentaires, où la part d’hommes en CDD est 4,3 fois supérieure à celle des femmes.
Côté temps de travail, près de sept salariés sur dix sont à temps complet, une proportion en hausse de 7,8 points depuis 2017. Mais elle reste inférieure à la moyenne nationale (82,2 %). Les agents d’entretien se singularisent par un recours massif au temps partiel (91,6 %), tout comme les chirurgiens-dentistes (64,2 %), tandis que les secrétaires affichent la plus forte progression du temps complet (+14,3 points).
Fait notable, le temps partiel a sensiblement reculé chez les assistants et aides dentaires (-9,5 points).

Féminisation et jeunesse : des contrastes
La branche demeure très féminisée : 92 % des emplois sont occupés par des femmes. Ce taux reste stable pour les assistants dentaires et les secrétaires (respectivement 97 % et 95 %), mais recule chez les chirurgiens-dentistes salariés. Ces derniers comptent désormais près de 45 % d’hommes.
Autre mutation : le rajeunissement des effectifs. La part des moins de 35 ans atteint 41 %, en hausse de 8,4 points. Les chirurgiens-dentistes salariés sont les plus jeunes (69,9 % ont moins de 35 ans), tandis que les agents d’entretien présentent une configuration inverse, avec près de 70 % de seniors (50 ans et plus). La progression de la part des jeunes est plus modeste pour les assistants et aides dentaires (+6,1 points).

Turnover : un défi pour la fidélisation
La croissance des effectifs ne rime pas avec stabilité. Le taux de turnover atteint 23,9 %. « Il excède de 8,5 points la valeur critique de 15 % qui est symptomatique d’un turnover ayant des effets négatifs très significatifs, analyse l’OMPL. Il traduit une mobilité importante des effectifs et une réelle fongibilité des équipes qui questionnent les vecteurs de fidélisation des salariés. »
Les chirurgiens-dentistes salariés et les secrétaires sont les plus concernés, avec des taux respectifs de 40,3 % et 30,7 %. Si les entrées compensent largement les sorties, la rotation des équipes pose la question de la pérennité des compétences. Les responsables administratifs salariés affichent également des niveaux élevés, tandis que les assistants dentaires se situent légèrement en dessous de la moyenne.
Mais globalement, le turnover s’est intensifié depuis 2017 (+4 points), signe d’une mobilité accrue dans un contexte de forte demande.

Rémunérations : des écarts persistants
En 2022, la rémunération nette annuelle médiane s’établit à 22 338 €, en hausse de 12,8 % sur cinq ans. Mais derrière cette moyenne se cachent des disparités considérables.
Les chirurgiens-dentistes salariés perçoivent un revenu 3,6 fois supérieur à celui de l’ensemble de la branche (79 722 euros, +57,2 %), un écart qui s’est creusé depuis 2017.
En raison de l’importance de leurs effectifs, les assistants et aides dentaires influent sur les grandeurs de toute la branche. Leur rémunération médiane est donc presque identique à celle de l’ensemble (22 323 euros, +12,7 %).
Les secrétaires (20 708 euros) et les responsables administratifs (32 833 euros) voient leur rémunération progresser respectivement de 11,8 % et 22 %.
Les inégalités de genre restent marquées. L’indice de parité révèle un écart de 32,3 points en faveur des hommes, soit 10 617 € par an. Ce différentiel, qui a doublé depuis 2017, atteint des sommets chez les chirurgiens-dentistes salariés, avec un écart de plus de 12 000 €.
Toutes familles de métiers confondues, la rémunération annuelle médiane en Île-de-France est la plus élevée (23 448 €). Elle est supérieure de 8,7 % à celle des Régions d’Outre-Mer (ROM), qui sont caractérisées par la plus faible médiane. « Par rapport à 2017, les progressions régionales sont plutôt homogènes », relève l’Observatoire. Elles s’établissent entre +12,1 % pour l’Île-de-France et +13,4 % pour le Sud-Est.

 

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