L’inclusion de la canine maxillaire est observée dans 1 à 3 % de la population, pouvant aller jusqu’à 24 % en population orthodontique. La canine incluse se retrouve en position palatine entre 43 % et 87 % des cas. La prise en charge chirurgico-orthodontique de ces inclusions palatines peut se faire selon deux techniques : ouverte ou fermée. Dans la première, une ouverture est créée à travers la muqueuse palatine en regard de la couronne de la dent, avec collage immédiat ou différé d’un dispositif de traction orthodontique (bouton + chaînette). Cette ouverture peut se faire après avoir récliné puis repositionné un lambeau palatin ou directement sans lambeau en incisant directement la muqueuse palatine (« operculisation »). Dans la technique fermée, un lambeau palatin est récliné, la canine incluse exposée et un dispositif de traction collé sur sa couronne avant de repositionner le lambeau et laisser émerger la chaînette à travers les berges suturées du lambeau.
Le choix entre une technique ouverte et fermée dépend de nombreux paramètres, notamment la position de la dent incluse, le choix du patient et les habitudes du praticien. Néanmoins, à ce jour, peu de critères décisionnels fiables permettent de choisir entre ces deux techniques.
Dans un essai contrôlé randomisé à 2 centres avec 2 groupes parallèles sur 92 patients (de moins de 16 ans) répartis aléatoirement, les auteurs ont comparé – à l’aide de questionnaires – les perceptions des patients sur les suites opératoires, le temps opératoire et les complications survenant après dégagement chirurgico-orthodontique de canines maxillaires incluses en position palatine, selon l’utilisation d’une technique ouverte (n = 45) ou fermée (n = 47).
Dans la grande majorité des cas, la douleur et l’inconfort postopératoires étaient de courte durée avec une récupération complète à une semaine. À noter cependant que quelques patients présentaient des douleurs et un inconfort au-delà de 7 jours.
Les principaux facteurs d’inconfort rapportés par les patients pendant l’intervention étaient l’injection d’anesthésique local (dans les deux groupes), le fraisage de l’os pour exposer la canine (dans le groupe en technique ouverte) et les sutures (dans les deux groupes).
La durée d’intervention était la plus courte en technique ouverte par operculisation simple, puis en technique ouverte avec lambeau, comparativement au groupe en technique fermée. À noter que dans cette étude, il n’y avait pas de collage de dispositif de traction orthodontique en technique ouverte, l’éruption de la dent se faisant de façon spontanée dans la muqueuse palatine.
La récupération postopératoire était plus lente dans le groupe opéré en technique ouverte, avec davantage de douleurs postopératoires et d’inconfort, comparativement au groupe opéré en technique fermée.
Il n’y avait pas de différence de consommation d’antalgiques pendant la première semaine postopératoire entre les deux groupes, mais davantage de consommation d’antalgiques dans le groupe opéré en technique fermée au moment du retrait des sutures à 15 jours.
Enfin, sur le plan des complications postopératoires, une tendance à davantage de complications en technique ouverte (p = 0.06), principalement des saignements (surtout en cas d’operculisation sans lambeau préalable), était observée.
En conclusion, cette étude suggère que la technique ouverte, bien que de durée opératoire plus courte, s’accompagne davantage de douleurs et d’inconfort pendant la chirurgie et pendant la première semaine postopératoire, que la technique fermée. Elle s’accompagne également davantage de complications (telles que des saignements) bien que celles-ci soient rares.
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