« Un monstre fatal », résume Horace, qui parvient à ses fins, achève Flavius Josèphe, « non seulement par le commerce de ses charmes, mais encore par des philtres ». À côté de cet accablant tableau clinique – mais bien des siècles après –, maints érudits du Moyen-Orient s’appuieront sur une tradition orale pour défendre une reine avisée, cultivée et polyglotte qui, très consciente d’hériter d’une Égypte plus que vassalisée par Rome, n’a dû manier l’intrigue que pour protéger et moderniser un pays dont elle a su conserver la grandeur. À charge ou à décharge, tous ces témoignages historiques sont présentés ici avec équité sur fond, en vidéo, d’une carte animée retraçant les avancées de Cléopâtre au cœur des rivalités méditerranéennes de Pompée, César, Marc Antoine puis Octave qui raflera la mise. En complément, à travers d’importants documents, vestiges, reconstitutions 3D, se dresse un état complet de la puissance de l’Égypte, tant du côté culturel des fastes pharaoniques que du côté agriculturel en tant que premier grenier à céréales du monde méditerranéen.
Le pays sur lequel Cléopâtre est appelée très jeune à régner est, par sa position et le rôle clé du Nil, l’objet éternel de toutes les convoitises. Conquis par Alexandre avant la mainmise de Rome et administré depuis sa capitale Alexandrie, il est encore sous l’influence Ptolémaïque quand elle en prend les rênes en 52 avant notre ère. Cléopâtre VII est une Ptolémée macédonienne par son père, pense-t-on, et bénéficie d’une légitimité dynastique ancrée dans les siècles, que son affaiblissement récent rend toutefois moins consacrée. N’importe : sa haute naissance, la place accordée aux déesses, les équivalences entre divinités et sa propre ambition jointe à l’absence de mère identifiée lui permettent de s’assimiler à une « fille du soleil » née de Râ lui-même, et à une nouvelle…