Enseignements et évaluations des compétences cliniques

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Information dentaire

Durant les mois de mai et juin se tiennent dans les facultés les examens de validation du second semestre et, pour les étudiants de 5e année, le Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique (CSCT), indispensable à la validation de leur année, qui leur donne également droit au remplacement libéral. Plusieurs facultés françaises, dont ma faculté de Lorraine, ont adopté le système des examens cliniques objectifs structurés (ECOS) pour cet examen final. Dans cet article, Landes et ses collaborateurs présentent les résultats de l’évaluation de leur approche en pédagogie clinique appliquée en chirurgie orale depuis 2009 pour les étudiants en chirurgie dentaire au sein de l’Université de Francfort.
 

Ils ont ainsi organisé au sein du cursus des étudiants de 4e année, et jusqu’en 6e année, des séances d’entraînement aux compétences cliniques animées par un enseignant pour de petits groupes d’étudiants (6 au maximum), qui incluent des présentations, des vidéos, des mises en situation clinique ou encore des TP sur mannequins ou pièces anatomiques animales (mâchoires et oreilles de porc). Les compétences cliniques avant et après introduction de ces séances d’entraînement clinique ont été évaluées par des ECOS organisés chaque semestre par le passage de 10 stations de 5 minutes au cours desquelles les compétences diagnostiques, comportementales et pratiques des étudiants ont été évaluées à l’aide de grilles objectives standardisées pour toute la promotion de 197 étudiants. Ainsi, les stations pouvaient concerner par exemple l’analyse d’une radiographie, la gestion d’une situation clinique scénarisée ou une compétence pratique à l’aide d’un simulateur ou de pièces anatomiques animales. L’analyse des résultats collectés montre une amélioration significative des compétences cliniques des étudiants après l’introduction de ce schéma de formation évalué par des sessions d’ECOS.

 
Au cours d’une évaluation subjective conduite en parallèle sur les ECOS, étudiants et enseignants les ont plébiscités pour apprécier la pertinence clinique des stagiaires. L’étude a également montré la faisabilité d’un jour de formation aux compétences cliniques et d’une session de 10 stations ECOS sur plusieurs semestres consécutifs, sans affecter la prise en charge clinique des patients du service de soins. Les auteurs soulignent la grande souplesse des formats possibles pour les stations ECOS qui permettent de diversifier à l’infini les évaluations des compétences cliniques.
Pour les séances de formation et d’entraî­nement cliniques, ils prônent l’usage de modèles de simulation au plus proche du réel en incluant les contraintes de temps, la motivation, le comportement des praticiens et la personnalité des soignants et des patients. De multiples formats d’enseignement devraient donc être associés tout au long du cursus clinique des étudiants en y incluant toutes les techno­logies innovantes dont les simulateurs de pratique virtuelle intra-orale.
 

Questions à…

Anne-Sophie Vaillant

MCU-PH à l’Université de Lorraine, vice-doyen en charge de la pédagogie clinique à la Faculté d’odontologie de Lorraine.
 

Pourquoi avoir choisi d’introduire les ECOS pour l’évaluation des compétences cliniques des étudiants de 5e année (CSCT) à Nancy ?

Les ECOS permettent d’apprécier la capacité des étudiants à gérer une situation clinique du point de vue des compétences pratiques, analytiques et comportementales. Tous les étudiants sont notés à l’aide d’une même grille de notation construite pour permettre un jugement objectif et égalitaire des compétences requises évaluées sur les mêmes stations, jouées selon un script précis.
 

Comment ces sessions ECOS sont-elles organisées ?

Sur deux journées d’examens, les étudiants passent stations dites « avec matériel » qui évaluent leur capacité à conduire techniquement un acte clinique, puis 4 stations « sans matériel » qui correspondent à une séquence scénarisée dans laquelle un enseignant joue le rôle du patient selon un scénario prédéfini. Ces dernières permettent d’évaluer leur capacité d’analyse d’une situation clinique, leur comportement en situation, leur capacité à conduire un entretien et à expliquer le traitement adapté. La durée des deux types de station est respectivement de 8 et 6 minutes chronométrées. Un enseignant évaluateur coche sur une grille les compétences ou réponses attendues lorsqu’elles sont accomplies.
 

Le recours aux ECOS s’est-il accompagné de modifications des enseignements ?

Dans le secteur clinique de prothèses, des staffs de 30 minutes ont été mis en place à chaque début de vacation depuis cette année pour tous les étudiants présents. Chaque binôme d’étudiants y expose les actes du jour prévus. Les enseignants s’assurent que les stagiaires ont bien acquis les compétences préalables requises et rappellent les points de vigilance à observer ou les moyens de lever les principales difficultés associées au cours d’un échange interactif. Cet enseignement clinique personnalisé à chaque vacation est plébiscité par les enseignants comme par les étudiants. Il complète et fait le lien clinique avec le format d’enseignement théorique traditionnel enseigné à la faculté. Mais plusieurs pistes sont en développement pour faire converger davantage ces deux modèles.
 

Ces formats sont-ils applicables et efficients en formation continue pour les praticiens ?

Bien que non encore testé à Nancy, le format des ECOS semble parfaitement applicable en formation continue pour les praticiens déjà expérimentés. Les stations scénarisées peuvent permettre d’évaluer ou d’entraîner leurs capacités diagnostiques, comportementales ou d’organisation d’un traitement ; par exemple pour faire évoluer leurs paradigmes vers une approche plus conservatrice en y intégrant les bonnes indications des restaurations adhésives. Par ailleurs, dans le cadre de formations plus pratiques, l’évolution des nouveaux outils pédagogiques tels que les logiciels de CFAO ou les simulateurs virtuels permettent d’évaluer très objectivement leur capacité à conduire un acte technique comme une préparation pour facette évaluée par rapport à un référentiel idéal.

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