Klimt sur un kilim magique
En cette fin de siècle, la capitale impériale jette l’or par les fenêtres au nom de la grandeur de l’Autriche et le peintre, devenu son maître décorateur après Makart, fait ruisseler cette pluie de lumière avec une égale prodigalité. Il a compris son contrat ; à la tête du mouvement Secession, il invente un art décoratif riche, spectaculaire et total qui recouvre tous les autres, peinture, musique, architecture. Un vertige de prestige saisit la société huppée du Ring et Klimt en réponse enlumine ses murs de frises symbolistes et mythologiques. L’érotisme qui les nimbe fait scandale mais fascine par la note mortifère que le peintre associe à la beauté capiteuse, laissant percer sous la chair épanouie le masque émacié de la camarde. Symbole des cycles de la vie, à l’en croire, cette obsession reflète les troubles d’une ville sensuelle et libre qui découvre l’inconscient et meurt de la syphilis.
L’Atelier des Lumières
38 rue Saint-Maur, Paris 11e.
Prolongé jusqu’au 6 janvier
Réservation conseillée sur
atelier-lumieres.com
Neurones et névroses
Impossible de clore une saison d’art marquée par un net intérêt pour l’occulte et les jeux de l’amour et de la mort* sans une visite au Dr Freud. Le MAHJ lui consacre, première en France, une exposition qui réunit un ensemble exceptionnel de 200 œuvres d’art, documents et instruments – dont le baquet de Mesmer ! – éclairant à la fois son exploration pionnière de l’inconscient et les flamboyances intellectuelles de la Mitteleuropa. Sous la houlette de Jean Clair, auteur de la mémorable exposition Vienne, l’apocalypse joyeuse, 1880-1938 en 1986, on suit les connexions du neurologue entre rêves, hypnose, saisie du refoulé et psychanalyse. Les cercles artistiques ont joué un rôle majeur dans la diffusion de sa pensée. Le surréalisme vient en tête, bien que Freud ait confié à Zweig qu’il tenait ses membres pour « fous à 100 % – disons plutôt, comme pour l’alcool, à 95 % ». L’art prend cher, sur le divan…
Du regard à l’écoute
MAHJ – Musée d’art et d’histoire du judaïsme
71 rue du Temple, Paris 3e
Jusqu’au 10 février
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