Endodontie, pédodontie, parodontologie-implantologie : dans une étude publiée le 30 mai, l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) dresse le portrait des assistant(e)s dentaires qui exercent dans les cabinets spécialisés, examine les besoins des praticiens et donne des pistes pour mieux y répondre.
En 2024, selon des données Doctolib, croisées avec celles de l’INSEE et de la base Adeli, 330 à 380 chirurgiens-dentistes et 500 à 550 assistant(e)s dentaires exercent spécifiquement en endodontie ; 370 à 420 praticiens et 560 à 610 assistant(e)s pour la pédodontie ; et 740 à 790 praticiens et 880 à 930 assistant(e)s pour la parodontologie-implantologie.
Soit un total de 1 400 à 1 600 praticiens (environ 3 % des chirurgiens-dentistes) et 1 900 à 2 100 assistant(e)s concernés par les exercices spécifiques. Ces cabinets à exercice spécifique représentent 5 à 6 % des structures libérales dentaires.
Y exercer implique des tâches exigeantes. En endodontie, l’assistante travaille en binôme étroit avec le praticien (travail à 4 mains), gère le plateau technique, la stérilisation, la traçabilité du matériel et le suivi post-opératoire. En pédodontie, elle joue un rôle central dans la prise en charge psychologique de l’enfant, l’installation, l’éducation à la santé bucco-dentaire et la sédation. En parodontologie-implantologie, elle est impliquée dans les séquences chirurgicales, la gestion administrative des consentements, des devis et la coordination avec les correspondants.
Dans ces disciplines, le profil des assistantes reste actuellement proche de celui observé en omnipratique : des femmes jeunes (20 % ont moins de 30 ans), souvent recrutées par le biais de relations personnelles, avec une formation initiale courte (niveau bac dans la majorité des cas). Une ancienneté moyenne faible compte tenu d’un turn-over marquant : moins de deux ans dans les cabinets d’endodontie ou de pédodontie.
L’étude souligne un profond décalage entre la technicité croissante des actes réalisés en exercice spécifique et la formation actuelle des assistant(e)s. Le titre d’assistant(e) dentaire ne prévoit pas de modules dédiés à ces pratiques, et très peu de formations continues ciblent les besoins concrets du terrain.
Résultat : les compétences spécifiques s’acquièrent principalement sur le tas, au sein du cabinet, dans un contexte souvent contraint.
Et cette situation génère des tensions : les chirurgiens-dentistes peinent à recruter et à fidéliser, faute de personnel formé. Les assistant(e)s, de leur côté, se retrouvent en difficulté face à des exigences élevées, sans accompagnement adapté.
La formation actuelle ne couvre que partiellement les besoins spécifiques. « Très peu de formations continues ciblent les assistants dentaires exerçant dans le cadre de ces exercices spécifiques », déplore l’OMPL. Certaines pratiques se développent en cabinet, en binôme avec le praticien, ou ponctuellement via des formations à l’hypnose par exemple.
L’étude recommande donc aux représentants de la profession de structurer cette offre : créer des modules courts en endodontie ou pédodontie (ergonomie, gestion du comportement de l’enfant, séquences opératoires), promouvoir le module déjà existant en parodontologie, éditer un annuaire des cabinets spécialisés par exercice pour cibler les actions de recrutement, adapter des fiches métiers, créer des vidéos et guides pédagogiques, reconnaître les compétences (parcours VAE) ou encore intégrer ces disciplines dans la formation initiale.
Enfin, les chirurgiens-dentistes sont invités à investir dans la formation continue pour fidéliser leurs salariées et valoriser des métiers de plus en plus techniques mais mal reconnus.
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