Flux numérique et dentisterie du futur au cœur de l’étape niçoise

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire
Du 22 au 24 juin, Nice a accueilli la 3e date du congrès World Summit Tour organisé par Dentsply Sirona pour fêter la fusion des deux marques de renommée internationale. Par ordre chronologique, le congrès s’était auparavant arrêté à Tokyo et San Diego avant de prendre la direction de Shanghai en novembre prochain.

Un précongrès en anglais, français et russe était organisé le premier jour de l’étape niçoise.

Le précongrès francophone a vu se succéder les Drs Delisle (Québec), Pin-Harry (Québec), Sers (France), Muffat-Jeandet (France), Felenc (France) et Lethuiller (France). Ils ont éclairé les participants sur la signification du flux digital (Digital Workflow) et la façon dont celui-ci a été intégré au sein de leurs cabinets par le biais de cas cliniques. Ce flux digital étant composé de l’empreinte optique, de l’imagerie digitale, de la planification implantaire, de la chirurgie guidée et des solutions CFAO, il requiert la fusion de trois formats de fichiers DCM (radiographies), STL (scan des modèles) et JPG (pour les procédures avec articulateur virtuel et intégration du sourire de façon virtuelle). Il peut se réaliser en « autarcie » au sein du cabinet dentaire grâce aux solutions « chairside » intégrant les usineuses de cabinet ou être externalisé dans ses différentes phases (par exemple, Solution Mysymplant (Dentsply Sirona) qui propose des aides à la planification, solutions CFAO au laboratoire).

Le lendemain, place à des conférenciers de renommée internationale de la dentisterie !

La séance plénière du matin s’est articulée autour de la relation entre bien-être et santé des patients.

Jan Lindhe a ouvert le bal sur la thématique des pertes osseuses autour des dents et des implants. Dans le climat actuel où l’on prédit un tsunami de péri-implantites, il a réalisé une revue de littérature des articles concernant le sujet et il semble en ressortir que les pertes osseuses comparatives entre les dents et les implants ne sont pas, en moyenne, significativement différentes, tout en mettant en garde sur le fait que les moyennes cachent des pertes osseuses relativement importantes au niveau des implants qui semblent être spécifiques de certains sites. Il semblerait que la distance interunitaire (distance dent/implant, distance implant/implant) joue un rôle majeur dans les pertes osseuses.

Hugo de Bruyn a pour sa part réalisé une synthèse de l’influence des traitements implantaires (unitaires, pluraux, fixes, amovibles) sur la qualité de vie des patients en la reliant au rapport coût/bénéfice. Il est revenu sur le fait que 20 dents suffisent pour fonctionner et qu’il faut garder à l’esprit que tout le monde ne peut pas assumer financièrement des implants.

Lyndon Cooper a analysé ce que sera la dentisterie de demain par rapport à l’augmentation de l’espérance de vie de la population. Proposer un traitement implantaire oui, mais pour combien de temps ? La précision obtenue avec les solutions digitales (chirurgie guidée, technologie CFAO) permettrait-elle d’augmenter cette longévité ?
Les différents conférenciers s’accordent à dire que la survenue des péri-implantites repose aussi sur la maintenance des réhabilitations prothétiques et l’accessibilité à l’hygiène.
50 % des péri-implantites reposeraient sur des problèmes d’accès à l’hygiène au niveau des prothèses (Serino G, Ström C, 2009*).

La séance plénière de l’après-midi avait pour thématique la précision.

Marc Quirynen a démontré que la chirurgie guidée s’impose en termes de précision pour l’édenté complet. Cependant, des imprécisions peuvent provenir :
– d’utilisations de prothèses mal ajustées lors des procédures de double scan ;
– de mauvaise acquisition du CBCT ;
– d’un problème de positionnement ou d’instabilité du guide ;
– de forets non centrés dans les fûts de guidage.

Mischa Krebs
est revenu sur le fait de pouvoir fabriquer des piliers sur mesure avant la chirurgie si un guide chirurgical est utilisé. Grâce à la chirurgie guidée et à l’utilisation du concept SynCone (attachement par friction), il a ainsi pu mettre en charge une prothèse immédiate complète préconçue sur 5 implants à la mandibule.
Robert Nölken a montré des résultats très intéressants concernant l’implant Astra OsseoSpeed Profile EV qui permettrait, grâce à son design spécifique avec sa partie crestale tronquée, d’éviter les greffes compensatrices de la résorption vestibulaire crestale, de laisser plus de place au tissu conjonctif, ce qui permettrait une modification à long terme de la muqueuse péri-implantaire vestibulaire en tissu kératinisé.

Mariano Sanz
a souligné l’importance de la maintenance dans la survenue des péri-implantites et, lorsque la pathologie est déclarée, il a montré différentes modalités de traitement de celle-ci. Il a soulevé la possibilité d’implantoplastie de la surface implantaire afin d’être certain de retrouver une surface lisse non propice à l’accroche du biofilm bactérien et également débarrassée des bactéries que l’état de surface poreux pouvait contenir.

Au matin du dernier jour, les séances étaient centrées sur les protocoles actuels établis en dentisterie implantaire, complétées par un volet sur le flux numérique aujourd’hui disponible.

Anne Benhamou a traité le thème du remplacement d’une dent en secteur esthétique maxillaire, notamment en utilisant la technique de l’extraction/implantation/mise en esthétique immédiate. Elle a mis en avant un certain nombre de points à respecter pour obtenir un taux de succès élevé du résultat final, parmi lesquels la nécessité de :
– réaliser une chirurgie minimalement invasive ;
– placer l’implant en situation palatine et obtenir une stabilité primaire importante ;
– combler l’espace implant-corticale vestibulaire par un biomatériau ;
– épaissir les tissus mous par l’utilisation d’un greffon conjonctif ;
– réaliser une prothèse provisoire dans le même temps opératoire.

Stijn Vervaeke a réalisé un tableau comparatif des différents protocoles utilisés lors de l’avulsion d’une dent et en a comparé les résultats avec l’importance de la résorption osseuse associée. Ses conclusions mettent en avant la nécessité d’utiliser des matériaux de comblement osseux ainsi qu’une membrane pour augmenter l’activité ostéoblastique.

Lars Rasmusson a mis l’accent sur l’importance de l’ingénierie tissulaire pour les défauts osseux de grande étendue (utilisation des ACS [« Absorbable Collagen Sponge », éponges de collagène résorbable] et b-TCP). En effet, la difficulté majeure de ces derniers réside dans leur morbidité, car leur zone centrale est très peu vascularisée et l’utilisation de ces cellules représenterait une voie de recherche intéressante. Il a aussi abordé l’intérêt de la planification numérique, notamment pour la prévisualisation des forces auxquelles le futur greffon pourrait être soumis.

La seconde partie de la matinée, animée par le Dr Hammerle, portait un « regard sur un avenir prometteur ».
Daniel Thoma a analysé, au travers de cas cliniques, les options digitales et les choix des matériaux permettant d’optimiser l’esthétique des restaurations implantaires.

Paul Weigl a porté un regard très futuriste sur la dentisterie en soulignant les progrès informatiques réalisés dans les secteurs non médicaux et en réalisant leur analogie avec la dentisterie. Il a ouvert le volet de la robotique, probablement applicable dans le futur aux métiers médicaux, en mettant en avant les avantages que cela pourrait représenter.

Mickael R Norton a abordé un volet intéressant sur l’évolution des systèmes implantaires et l’optimisation de la stabilité primaire. Selon lui, la prédictibilité du résultat final du traitement implantaire est étroitement liée à une bonne stabilité primaire associée à un couple d’insertion élevé au moment de la pose de l’implant. Cette stabilité primaire est augmentée par la géométrie de l’implant et l’état de surface (rugueux) de ce dernier.
En concluant cette journée, le Dr Hammerle a porté un regard objectif sur les différentes séances en parlant de « réalité virtuelle ».
En effet, après avoir vanté les intérêts de la dentisterie digitale, entre autres l’aide au diagnostic et les projets esthétiques virtuels, il a rappelé que la dentisterie conventionnelle présentait toujours un avenir et a mis en avant les avantages de cette dernière.

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