Halte à la frénésie de frénotomies

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Information dentaire

Dans un communiqué publié le 26 avril, l’Académie de médecine veut donner un « coup de frein à la frénotomie linguale chez les nouveau-nés et les nourrissons ».

Avant elle déjà, en janvier dernier, plusieurs sociétés savantes médicales, chirurgicales et paramédicales, telles la Société française de chirurgie orale, la Société française d’odontologie pédiatrique ou la Société française de stomatologie-chirurgie maxillo-faciale, s’inquiétaient de l’augmentation anormale, en France et dans le monde, des chirurgies du frein de langue chez les enfants après leur séjour en maternité. Plus de 420 % en Australie en une dizaine d’années, indique par exemple l’Académie.

Selon ses promoteurs, la frénotomie permettrait un allaitement à la fois efficace pour le nouveau-né et le nourrisson, et indolore pour la mère. Utilisée pour traiter l’arrêt précoce de l’allaitement, elle serait même pratiquée à titre préventif. L’Académie se dit « surprise » par le développement inconsidéré de cette pratique « d’autant que trois recommandations nationales et internationales récentes, ainsi qu’une revue Cochrane ont conclu au manque d’études scientifiques de qualité concernant cette pratique », constate-t-elle. A l’instar des sociétés savantes précitées, elle émet donc « les plus grandes réserves quant à l’intérêt et l’innocuité de ce geste invasif à risque d’effets secondaires ».

La frénotomie doit rester un geste chirurgical exceptionnel. « Une frénotomie aux ciseaux peut être indiquée après information des parents sur le rapport bénéfice/risque, à condition qu’il existe un frein lingual antérieur court et/ou épais et uniquement après échec des mesures conservatrices non chirurgicales classiquement mises en place », estime l’Académie de médecine. Les éventuelles difficultés d’allaitement doivent être « rigoureusement diagnostiquées par une évaluation anatomique et fonctionnelle de la succion/déglutition de l’enfant ».

Elle invite, enfin, les pouvoirs publics à promouvoir « sans délai » des études « méthodologiquement rigoureuses, ciblant les indications, l’efficacité et la tolérance de la frénotomie ».

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