Internes en orthodontie : choix et satisfaction

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Information dentaire

L’internat en odontologie est le seul moyen d’accéder au troisième cycle long des études dentaires. Depuis l’année universitaire 2011-2012, un concours national permet d’accéder à 3 Diplômes d’Etudes Spécialisées (DES) : chirurgie orale (cursus de 4 ans), médecine bucco-dentaire (cursus de 3 ans) et orthopédie dento-faciale (cursus de 3 ans).
En fonction de son rang de classement, l’étudiant se voit offrir le choix de la spécialité, de l’inter-région et du CHU d’affectation. Le CHU d’affectation est nécessairement dans l’une des 16 villes qui possèdent une faculté d’Odontologie.
Pour l’année universitaire 2014-2015, 357 candidats se sont présentés à ce concours. À l’issue des épreuves, 165 d’entre eux ont été inscrits sur les listes principale ou complémentaire.
L’offre était de 111 postes répartis de la manière suivante :
– 53 places en ODF,
– 42 en MBD,
– 16 en chirurgie orale.
Une analyse attentive du choix des affectations nous a montré que l’orthodontie est la spécialité la plus convoitée par les candidats : les postes en ODF sont régulièrement choisis par des candidats bien classés (en 2014, le 53e et dernier poste disponible pour l’orthodontie a été choisi par le candidat classé au rang 65, alors que 111 postes au total étaient proposés pour les trois spécialités).

Objet et méthode de l’étude
Nous avons cherché à cerner le profil des candidats ayant opté pour l’orthodontie à l’issue des concours des 3 dernières années et avons tenté de déterminer les motivations de leur choix du CHU d’affectation ainsi que leur appréciation personnelle de ce choix.
162 candidats ont opté pour l’ODF ces 3 dernières années.
Notre questionnaire a été rédigé puis expédié à 95 internes en ODF en fonction (ceux que nous avons pu contacter via le réseau social Facebook) toutes promotions confondues. Notre questionnaire est resté en ligne du 22/12/2014 au 25/01/2015.

Résultats de l’enquête
1. Profil des internes en orthodontie ayant répondu au questionnaire
Sur les 95 internes contactés, 68 d’entre eux ont répondu (51 % du DESODF.1, 29 % du DESODF.2 et 20 % du DESODF.3).
Nous avons constaté que parmi les candidats reçus ayant choisi l’ODF, figurent une majorité de filles (fig. 1) et d’étudiants de TCEO1 (fig. 2).

Parmi les étudiants admis à l’occasion de leur deuxième tentative (TCEO1), 73 % d’entre eux avaient été classés la première fois sur la liste principale ou complémentaire (fig. 3) et, soit n’étaient pas satisfaits du choix de la spécialité (extrêmement compétitif en ODF), de l’inter-région ou du CHU que leur autorisait leur rang de classement, soit ils étaient classés au-delà du dernier rang utile qui leur permettait un choix parmi tous les postes mis au recrutement.

2. Facteurs du choix de la ville
Notre étude, a montré que le choix de la ville a été motivé dans l’ordre d’importance suivant :
– réputation de la faculté,
– qualité de la formation dispensée
– qualité de la vie dans cette ville.
D’autres facteurs interviennent ensuite à une moindre échelle et sont représentés dans le schéma de la figure 4.


3. Les candidats obtiennent-ils une affectation conforme à leur choix ?

Parmi les 68 internes ODF en fonction interrogés, 63 % ont obtenu une affectation dans la ville de leur premier choix parmi les postes offerts au recrutement (fig. 5).


4. Quelles sont les villes préférées des étudiants ?

Montpellier, Marseille, Lyon et Paris sont les villes les plus recherchées sur les trois dernières années par les 68 internes qui ont répondu au questionnaire (fig. 6 et 7).

5. Problèmes rencontrés lors des affectations
Pour plus de la moitié des candidats inscrits sur les listes principale et complémentaire, la période de simulation, préalable au choix définitif, est vécue comme une épreuve difficile.
Des problèmes apparaissent dans les premiers mois de la formation.
Les plus signalés sont (fig. 8) :

– la charge de travail ;
– le manque de formation initiale en ODF ;
– les problèmes d’emménagement et d’installation aggravés localement par des affectations définitives tardives.
Nous avons également voulu savoir auprès de qui les candidats ont cherché de l’aide. Ce questionnaire nous révèle que ce sont majoritairement des internes en fonction de leur faculté d’origine ou des autres facultés qui les ont orientés dans la procédure de choix des affectations (fig. 9).

6. Évaluation par les internes de leur ville de formation d’interne en orthodontie
Nous avons demandé aux internes d’évaluer : la qualité de l’enseignement, le rayonnement de la ville, la relation entre les internes, la relation avec les enseignants, le temps de travail dans le service d’odontologie et la charge de travail personnel.
Les internes ont donné une note de 0 à 5 (5 étant la meilleure note) à ces différents paramètres (fig. 10 à 15).

7. Et l’avenir ?
La plupart des internes (plus de 90 %) affirment qu’ils recommanderaient leur ville de formation aux futurs internes (fig. 16), mais ils ne veulent pas ou ne savent pas encore s’ils s’installeront dans cette ville de formation (fig. 17).

Discussion
Notre étude est une consultation très partielle qui présente un intérêt dans le sens où elle est, à notre connaissance, la seule qui évalue la satisfaction des internes en orthodontie. Néanmoins, le mode de recueil des informations est la source de nombreux biais et il n’a pas été évident de contacter l’ensemble des internes.
De plus, une majorité de réponses provenant d’internes en DESODF.1, on peut supposer que leur jugement est moins fondé sur un vécu de l’internat, du fait d’une situation difficile (premiers mois de formation, prise de fonction et installation en cours…) au moment de l’enquête.
Enfin, il est probable que les réponses à cette consultation soient le fait d’internes très impliqués.
La mise en place d’une plateforme d’échanges entre internes en fonction et nouveaux arrivants constituerait une aide majeure dans le choix des affectations. Cette plateforme rendrait les échanges plus fluides et accessibles à tous pour faciliter le choix du poste.
À l’heure actuelle, ces choix sont simulés sur un amphithéâtre virtuel du site du CNG (Centre National de Gestion des concours du ministère de la Santé) dont le rôle est purement administratif et n’offre pas de possibilité de communication entre les internes pendant la période située entre les résultats du concours et le choix définitif de l’affectation.

Conclusion
À partir de notre questionnaire, nous avons pu mettre en évidence que 63 % des candidats avaient obtenu une affectation dans la ville de leur premier choix et que, globalement, les autres étaient également satisfaits de leur affectation.
Cependant, il semble que la longue période d’attente des choix et les premiers mois de la formation restent un moment difficile par plusieurs aspects :
• manque d’informations sur les différentes villes d’affectation,
• problèmes d’organisation et d’installation dans un délai restreint,
• charge de travail importante en début d’année universitaire,
• adaptation à une discipline spécialisée rendue difficile par l’inégalité de la formation initiale.

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