L’effet des micro-ostéoperforations sur la vitesse du mouvement orthodontique des dents : une revue systématique et une méta-analyse

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  • Publié le . Paru dans L'Orthodontiste n°2 - 15 avril 2020
Information dentaire
Sivarajan S, Ringgingon LP, Fayed MMS, Wey MC. The effect of micro-osteoperforations on the rate of orthodontic tooth movement: a systematic review and meta-analysis. Am J Orthod Dentofacial Orthop. 2020 Mar;157(3):290-304.

La diminution de la durée des traitements orthodontiques reste un défi à relever, avec comme objectifs de prévenir la baisse de l’observance des patients et de limiter les risques d’apparition de caries et de résorptions radiculaires, qui sont corrélés à la durée totale du traitement.

Plusieurs modalités thérapeutiques, chirurgicales ou non, dont les micro-ostéoperforations (MOP), ont été proposées pour accélérer le mouvement orthodontique des dents (MOD). Les MOP semblent moins invasives que d’autres modalités chirurgicales et n’impliquent qu’une perforation minimale de l’os cortical à l’aide d’outils tels que le dispositif Propel ou une minivis, sans qu’il soit nécessaire de soulever un lambeau. Les résultats de plusieurs essais cliniques menés sur l’homme ont montré des résultats contradictoires allant d’une absence d’effet significatif à une accélération significative du MOD, certains auteurs affirmant réduire la durée totale du traitement de 30 à 62 %.

L’objectif de cette revue systématique de la littérature et méta-analyse était d’évaluer les données probantes consacrées aux effets des MOP sur la vitesse du MOD, la durée du traitement et les éventuelles complications associées telles que des récessions gingivales, la formation de triangles noirs, des résorptions radiculaires, une perte d’ancrage, la présence de bactériémie ou un épisode douloureux.

Deux évaluateurs indépendants ont interrogé de façon systématique jusqu’en mars 2019, avec consultation d’alertes jusqu’en juin 2019 et sans restriction de langue ou de date de publication, sept bases de données : Cochrane Central Register of Controlled Trials (Central), Scopus, Embase, PubMed, Web of Science, OpenGrey et ClinicalTrials. La recherche documentaire, l’inclusion des études dans la revue, l’évaluation de la qualité méthodologique et l’extraction des données ont été effectuées indépendamment par deux auteurs, et les résultats de la recherche ont été révisés par les deux autres.

Ils ont recherché les essais contrôlés randomisés (ECR) comparant les traitements avec ou sans MOP, conduits avec ou sans extractions. L’évaluation des risques de biais et la synthèse qualitative des études incluses ont été effectuées à l’aide de l’outil de la Collaboration Cochrane pour les études randomisées et de l’outil Grade.

Une méta-analyse de deux études à faible risque de biais a montré que sur une courte période d’observation, une seule application de micro-ostéoperforations n’accélère pas la vitesse du mouvement orthodontique des dents, même si les preuves globales concernant ce résultat sont faibles.

Huit ECR ont été inclus pour l’analyse qualitative. La méta-analyse de deux études homogènes a montré l’absence d’effet, sur une courte période d’observation, d’une seule application de MOP sur le MOD (0,01 mm de moins de MOD ; IC à 95 %, 0,13-0,11 ; P = 0,83). Les auteurs n’ont constaté aucune différence significative (P > 0,05) de perte d’ancrage, d’apparition de résorption radiculaire, de récessions gingivales ou de douleur.

Les auteurs concluent qu’une méta-analyse de deux études à faible risque de biais a montré que, sur une courte période d’observation, une seule application de MOP n’accélère pas le MOD, même si les preuves globales concernant ce résultat sont faibles. Quant à l’effet sur la durée globale du traitement, la formation de triangles noirs, et la bactériémie après MOP, les preuves sont encore insuffisantes. Des preuves de faible qualité montrent que les MOP n’ont pas d’effet significatif sur la perte d’ancrage lors de l’utilisation d’ancrages orthodontiques temporaires. Des preuves de haute qualité montrent que les MOP n’ont pas d’impact sur la douleur, les récessions gingivales et la résorption radiculaire.

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