L’ingénierie tissulaire pulpaire : une alternative thérapeutique à la dévitalisation des dents ?

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Information dentaire
L’équipe du Pr Catherine Chaussain étudiant les pathologies dentaires à la Faculté de Chirurgie dentaire de l’Université Paris Descartes et dans les services dentaires de l’AP-HP, l’équipe de Stéphane Germain (collège de France - Inserm U1050) travaillant sur l’angiogenèse, et le laboratoire Inserm de Bio-Ingénierie Cardiovasculaire de Didier Letourneur à l’hôpital Bichat, ont collaboré pour induire une vascularisation rapide au sein d’un tissu pulpaire reconstruit. Ces résultats ont été publiés dans Stem Cells translational Medicine le 22 janvier dernier*.

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la carie est actuellement classée au troisième rang des fléaux mondiaux, immédiatement après les affections cancéreuses et les maladies cardio-vasculaires. Cette maladie infectieuse provoque une destruction des tissus durs de la dent qui protègent sa partie vivante, la pulpe. Ce tissu situé au cœur de la dent est vascularisé et innervé, garant d’un système de défense qui ralentit la progression de l’infection et d’un système d’alarme : la douleur. Sa présence est donc indispensable à la survie et à la pérennité des dents dans la cavité buccale.
L’étroite collaboration entre l’équipe de Catherine Chaussain, celle de Stéphane Germain et le laboratoire de Didier Letourneur, a permis la mise au point d’un tissu pulpaire contenant des cellules souches d’origine dentaire capables de survivre une fois implantées. L’objectif de leurs travaux a été de déterminer les conditions optimales pour promouvoir la formation de vaisseaux et de nerfs au cœur de ce nouveau tissu soumis à des conditions extrêmes liées à l’implantation, à savoir l’absence d’oxygène et de nutriments.
Après validation in vitro de ce tissu pulpaire reconstruit, les chercheurs ont identifié des conditions de pré-conditionnements avant implantation capables d’accélérer la formation de vaisseaux fonctionnels. Après implantation des tissus pulpaires reconstruits en sous-cutané chez la souris, des analyses par imagerie dynamique ou histologiques ont montré que les tissus pré-conditionnés avec un facteur de croissance (FGF-2) et/ou privés d’oxygène présentaient une très forte augmentation de la quantité de vaisseaux. Ils ont également retrouvé des fibres nerveuses à proximité de ces vaisseaux et ont pu vérifier que ces cellules gardaient leurs potentiels de défense par leur capacité à créer du tissu dentaire. Ces travaux vont dans le sens de l’obtention d’un tissu pulpaire fonctionnel vascularisé et innervé capable de répondre à l’attaque des bactéries de la cavité buccale.
Les travaux se poursuivent afin de permettre un jour à ce nouvel outil d’être disponible dans le panel thérapeutique du chirurgien-dentiste.

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