La maladie de Kaposi, une inégalité entre les pays riches et les pays pauvres

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Commission scientifique et de la recherche

La maladie de Kaposi, également connue sous le nom de sarcome de Kaposi (SK), est une tumeur liée à l’infection par l’herpèsvirus-humain-type 8 (HHV8). Cette maladie tient son nom du dermatologue hongrois Moritz Kaposi, qui l’a décrit pour la première fois en 1 872. Le SK fut décrit à la fin du XIXe siècle comme une maladie chronique très rare provoquant des tumeurs cutanées, surtout aux extrémités, chez des personnes âgées, en majorité des hommes, dans le pourtour du bassin méditerranéen (forme classique). Vers 1950, une deuxième forme clinique fut diagnostiquée en Afrique de l’Est où le SK apparaît comme une forme endémique de cancer survenant chez l’enfant et l’adulte jeune. La maladie est plus sévère, parfois disséminée, touchant les ganglions et les viscères. Une troisième forme du SK fut ensuite décrite chez des patients greffés, en particulier du rein, traités par des immunosuppresseurs (forme du transplanté).
À partir de 1981, une forme épidémique de SK apparaît chez les homosexuels masculins dans le cadre de l’infection VIH aux États-Unis et en Europe (forme associée au VIH). Il s’agit d’une forme le plus souvent disséminée avec des lésions multifocales avec atteinte cutanée, digestive et viscérale. Le risque cumulé sur 10 ans de développer un SK en cas de co-infection par HHV8 et VIH et en l’absence de traitement est de 30 à 50 %. Au niveau de la cavité orale, la lésion élémentaire initiale du SK s’apparente à une plaque d’aspect angiodysplasique évoluant progressivement vers une lésion nodulaire puis tumorale. Les localisations au niveau du palais dur, de la gencive attachée vestibulaire maxillaire et la face interne de la joue sont les plus fréquentes. La distribution géographique mondiale de l’HHV8 est non ubiquitaire. La séroprévalence globale du HHV8 varie de moins de 5 % dans la plupart des pays occidentaux (dont la France) et en Asie du Sud-Est, entre 20 et 30 % dans les pays du bassin méditerranéen (micro-foyers endémiques en Sicile et en Grèce) à plus de 50 % en Afrique de l’Est et Centrale. Les principales voies de transmission du HHV8 sont la salive et les rapports sexuels non protégés.
Les objectifs de cet article étaient de décrire les aspects épidémiologiques du SK chez les patients infectés par le VIH depuis l’introduction des thérapeutiques anti-VIH efficaces (HAART pour Highly Active Antiretroviral Therapy), et de faire une mise au point sur la pathogénie et les traitements actuels de cette maladie.

Commentaires : l’infection par le VIH a provoqué une explosion du nombre de cas de SK dans les pays occidentaux au début de l’épidémie de SIDA. L’arrivée des multi-thérapies antirétrovirales a considérablement diminué la prévalence de la forme associée au VIH du SK ainsi que son agressivité chez les patients VIH+, aux États-Unis et en Europe, même dans les zones de fortes endémies du HHV8 (Sicile et Italie). En revanche, en Afrique subsaharienne, où l’accès à ce type de traitement reste difficile, où la séroprévalence du HHV8 et celle du VIH sont élevées, le SK demeure un problème de santé publique majeur. Il touche toute la population (hommes, femmes et enfants) avec une fréquence élevée (entre 20 à 50 % de tous les cancers diagnostiqués selon les pays) et un pronostic péjoratif (espérance de vie de moins de 6 mois en l’absence de traitement).

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