La musique adoucit les mœurs, mais pas seulement…

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Jenny Hole, de la Queen Mary University de Londres, nous offre dans la prestigieuse revue The Lancet une remarquable revue de littérature et méta-analyse sur l’évaluation de l’intérêt de la musique dans l’amélioration de la récupération postopératoire en chirurgie chez l’adulte. Plus spécifiquement, cette étude vise pour la première fois, d’une part, à évaluer les résultats concernant les caractéristiques chirurgicales post-opératoires (douleur, besoins d’analgésie, anxiété et durée du séjour), et, d’autre part, à identifier des sous-groupes pertinents (choix du patient, de la musique, moment de l’intervention, anesthésie générale).
Parmi les 4 261 articles ou résumés correspondant à la question posée, 72 études cliniques randomisées ont été sélectionnées sur leur qualité méthodologique. La musique était choisie par le patient ou par les expérimentateurs ; tous les styles de musique sont retrouvés, avec préférentiellement des musiques apaisantes. La musique pouvait être diffusée à travers des oreillettes, destinée uniquement au patient ou à travers des haut-parleurs pour l’ensemble des personnes du bloc opératoire. La musique était présente avant, pendant ou après l’intervention. Le comparateur utilisé dans les études pouvait être le silence, le bruit du bloc opératoire, un casque sans musique.
Les résultats concernant la douleur (mesurées par une EVA de 100 mm) montrent que la musique réduit les scores de douleur de 23 mm en moyenne, par rapport au placebo. Les résultats concernant l’anxiété (mesurée par STAI sur une échelle de 20-80) ont été réduits de 6,4 unités par rapport au placebo.
Point intéressant, l’effet sur la douleur et l’anxiété serait d’autant plus important que le patient a le choix du morceau (différence cependant non significative). De la même façon, l’effet semble d’autant plus intéressant que la musique est jouée en préopératoire, puis en peropératoire, et enfin en postopératoire. Enfin, très étonnant, l’effet antalgique et anxiolytique de la musique opère même chez les patients non conscients bénéficiant d’une anesthésie générale !
Enfin, découverte non négligeable, aucune des études incluses n’a rapporté d’effet secondaire. Cependant, le volume de la musique ne doit évidemment en aucun cas empêcher la communication peropératoire avec les équipes médicales.
Les résultats de cette étude peuvent s’expliquer assez facilement si l’on tient compte du fait que la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable. Ainsi, en modulant par la musique l’aspect émotionnel, il semble possible de moduler les aspects sensoriels. De la même façon, il est tout à fait possible que la musique module l’activité du système nerveux autonome et diminue ainsi la fréquence et les pulsations cardiaques ainsi que la fréquence respiratoire.

Au final, la diffusion de musique est un acte non invasif, sûr et peu coûteux qui peut être mis en œuvre facilement et avec succès pour toutes les interventions chirurgicales. Les résultats de cette étude mettent clairement en évidence que la musique devrait être disponible pour tous les patients bénéficiant d’interventions opératoires. Les patients doivent être en mesure de choisir le type de musique qu’ils aimeraient entendre, même lors d’une intervention sous anesthésie générale !

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