Un quart (26,5 %) des 29 000 personnes interrogées au cours de l’année 2016 dans les accueils de dix-huit caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM) disent avoir renoncé à des soins, assure la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) le 28 mars. Avec des différences notables d’un département à l’autre, s’échelonnant de 33,8 % dans la Drôme à 19,7 % dans le Nord.
Populations et types de soins concernés
Le renoncement concerne majoritairement des femmes (58,6 %), des personnes vivant seules (36,6 %) ou les familles monoparentales (17,7 %). La plupart de ces assurés connaissent ou ont connu des parcours instables, des emplois précaires, des expériences administratives vécues comme compliquées.
« Le renoncement aux soins touche particulièrement les soins dentaires ainsi que les soins auditifs ou ophtalmologiques et optiques, au reste à charge plus élevé », souligne l’Assurance maladie (voir graphiques). Il concerne également les consultations de spécialistes et de généraliste. Mais pourquoi renoncent-ils ?
Deux raisons principales ont été identifiées par la CNAM. D’abord la dimension financière avec des restes à charge (connus ou anticipés) élevés, encore plus durement ressenti en cas d’absence de complémentaire, mais aussi des frais à avancer trop importants, notamment quand ils s’accumulent sur une courte période.
Ensuite, une méconnaissance des circuits administratifs et médicaux : droits sociaux non connus de l’assuré, complexité des démarches pour obtenir une protection maladie complète, difficulté de savoir à quel spécialiste s’adresser… « In fine, c’est toute une sédimentation de raisons qui, cumulées, causent lassitude, découragement et renoncement », selon la CNAM.
Accompagnement « sur mesure »
Pour faire face au renoncement qui fragilise un peu plus l’état de santé des personnes concernées, l’Assurance maladie va généraliser un accompagnement « sur mesure » à l’ensemble du territoire à travers trois vagues successives du 1er avril 2017 à la mi-2018. Déjà testé dans plusieurs départements, le dispositif vise d’abord à identifier les situations à risques de renoncement, à partir d’observations de terrain faites par des personnes formées : agents d’accueil des CPAM, personnels des centres d’examens de santé, médecins conseils, travailleurs sociaux, mais aussi des professionnels de santé libéraux ou encore des personnes issues du tissu associatif. « Une fois identifiés, et sous réserve de leur consentement, les assurés sont approchés par des agents de la CPAM qui vont leur proposer un accompagnement « sur mesure ». Les assurés en difficulté bénéficient d’un bilan exhaustif de leurs droits pour disposer d’une vision globale de leur situation administrative et mieux cerner leurs besoins », explique la CNAM. Peuvent-ils bénéficier de la CMUC ou de l’ACS, sont-ils avant tout pénalisés par un reste à charge ou par l’avance de frais ? Ont-ils besoin d’obtenir un ou plusieurs devis ? Faut-il mieux identifier un professionnel de santé, de réaliser un montage financier ? Etc. Après ce bilan des droits, l’assuré bénéficie alors d’un accompagnement personnalisé qui va durer en moyenne 70 jours.
Commentaires