Le renoncement aux soins pour raisons financières : un indicateur à manier avec précaution

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

On sait depuis longtemps qu’en matière de sondage, les réponses dépendent pour une bonne part de la façon dont les questions sont formulées. Dans une étude publiée le 23 juillet dernier, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) en fait une nouvelle fois la démonstration sur un thème sensible : le renoncement aux soins pour raisons financières.
Les auteurs montrent ainsi, à partir d’un échantillon de 4 000 personnes représentatives de la population française, que le taux de réponses varie de 15 points selon la formulation utilisée. « C’est lorsque le questionnement est le plus précis (type de soins et raisons financières précisés d’emblée) que le taux global de renoncement aux soins pour raisons financières est le plus élevé (36 %), souligne l’étude. Plus on propose de modalités à l’enquêté, plus il a de chance de répondre positivement à l’une des modalités. Inversement, c’est quand le questionnement est le plus général (types de soins et raison principale précisés dans un second temps) que le taux est le plus faible (21 %) ». Cette grande sensibilité du taux de renoncement est également liée au mode d’interrogation : face-à-face, auto-administré, téléphone.
Faut-il donc proscrire cet indicateur si peu fiable, et pourtant de plus en plus utilisé ? Pas forcément. Car la DREES montre que la structure sociodémographique des personnes déclarant avoir renoncé à au moins un soin pour raisons financières au cours des douze derniers mois est identique quelle que soit la formulation retenue. Par exemple, quelle que soit la formulation de la question, environ 20 % des personnes déclarant avoir renoncé à un soin au moins n’ont pas de diplôme et environ 30 % appartiennent aux ménages les moins favorisés. « Au total, quelle que soit la formulation retenue : les femmes renoncent plus que les hommes, les individus célibataires plus que ceux en couple, les ouvriers et les inactifs davantage que les cadres ou les professions intermédiaires, les non-couverts davantage que les personnes couvertes par une complémentaire santé, les non-diplômés ou titulaires du brevet, d’un CAP ou d’un BEP davantage que les titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme de l’enseignement supérieur », détaille l’étude. Les auteurs recommandent d’utiliser cet indicateur avec précaution en évitant les généralisations, de le compléter avec d’autres indicateurs « plus objectifs » et de n’utiliser les comparaisons de taux de renoncement entre années que si les conditions de collecte des informations sont strictement identiques

Thèmes abordés

Commentaires

Laisser un commentaire

Sur le même sujet

Vie de la profession

Libéraux de santé : mobilisation le 1er juillet à Paris contre le gel des revalorisations

Treize organisations syndicales représentatives* – dont Les CDF – réunies sous la bannière du collectif #SoignantsTrahis, appellent à une mobilisation...
Vie de la profession

Permanence de soins dentaires : entrée en vigueur de la nouvelle valorisation pour les régulateurs

Demain, le 25 juin, la rémunération forfaitaire conventionnelle des chirurgiens-dentistes participant à la régulation téléphonique des urgences dentaires pendant les...
Vie de la profession

Les cabinets dentaires en 2035 : vers un écosystème connecté, préventif et pluriprofessionnel ?

À quoi ressemblera le cabinet dentaire dans dix ans ? C’est la question à laquelle le Comident a tenté de...
Vie de la profession

ADF 2025 : inscriptions ouvertes

Les inscriptions au Congrès 2025 de l’ADF sont ouvertes depuis le 1er juin. Omnipraticien expérimenté, fort de 30 ans de pratique, Charles...
Vie de la profession

Hôpitaux : déficit historique

Le déficit des hôpitaux publics a atteint en 2023 « une proportion encore jamais observée depuis 2005 », s’élevant à 2,4 milliards d’euros,...
Vie de la profession

Études en odontologie : les étudiants s’opposent à un éventuel allongement du cursus à 7 ans

Alors que des discussions seraient en cours pour faire passer la durée des études en odontologie de six à sept...