Les antibiotiques diminuent-ils le taux d’échec implantaire et d’infections postopératoires ?

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Cette méta-analyse récente propose la prescription d’une antibioprophylaxie
avant la mise en place d’implant dentaire dans le but de réduire le taux d’échec implantaire. Elle repose sur quatre essais cliniques randomisés par rapport à un groupe témoin (patients ne recevant pas d’antibiotiques ou un placebo) : Esposito et coll., 2008 et 2010 ; Abu-Ta‘a et coll., 2008 ; Caiazzo et coll., 2011. L’ensemble des essais a regroupé un nombre total de 1 002 patients avec un total de 2 063 implants dentaires.
Les résultats de cette méta-analyse montrent que l’utilisation des antibiotiques en pré-opératoire seulement ou poursuivie en postopératoire (pendant 2 à 7 jours) permet de réduire de façon significative le taux d’échec implantaire (p = 0,003) avec un odds ratio de 0,331, correspondant à une réduction du taux d’échec implantaire de 66,9 %. Le nombre nécessaire de patients à traiter pour éviter un échec implantaire est de 48 (intervalle de confiance à 95 % : 31-109).
En revanche, l’utilisation d’antibiotiques
n’a pas réduit de façon significative l’incidence de l’infection postopératoire (p = 0,754).

Commentaire

Aucun de ces quatre essais cliniques ne permet individuellement de mettre en évidence de différence significative entre les groupes test et contrôle pour aucun des paramètres mesurés (infection du site opératoire, échec implantaire précoce). En revanche, la compilation des résultats permet de suppléer le manque de puissance de ces essais et de montrer l’intérêt d’une antibioprophylaxie lors de la mise en place d’implant dans la réduction du taux d’échec implantaire, comparativement aux groupes contrôles (patient ne recevant pas d’antibiotiques ou un placebo).
La conclusion de cette méta-analyse en faveur d’une utilisation systématique d’antibiotiques en cas de pose d’implant est donc en contradiction avec les recommandations de l’Afssaps de 2011 concernant la prescription des antibiotiques en pratique bucco-
dentaire. Parmi les quatre études sélectionnées dans cette méta-analyse, trois figuraient déjà parmi celles retenues pour évaluer la recommandation sur l’antibioprophylaxie en chirurgie implantaire. L’étude d’Anuita et coll. (2009) a été exclue dans cette méta-analyse, car les implants étaient systématiquement humidifiés avec du PRGF (Plasma Rich Growth Factor), avant implantation. En revanche, l’étude de Caiazzo et coll. (2011), postérieure aux recommandations, a été retenue. Son but était de définir la modalité optimale d’amoxicilline en chirurgie implantaire. Cent patients ont été randomisés en groupes différents : (1) amoxicilline 2 g une heure avant la chirurgie, (2) amoxicilline 2 g une heure avant la chirurgie et 1 g deux fois par jour en postopératoire pendant 7 jours, (3) amoxicilline 1 g deux fois par jour en postopératoire pendant 7 jours, (4) pas de prise d’antibiotique. Au moment du 2e temps chirurgical, 2 échecs implantaires sur 148 implants posés sont rapportés dans le seul groupe sans antibiotique.
L’analyse de l’ensemble des études disponibles aujourd’hui indique que :
– seule une molécule a été évaluée : l’amoxicilline. Quid en cas d’allergie aux β-lactamine ? Aucune donnée sur la clindamycine dans cette indication ;
– l’échec implantaire précoce est un événement rare, que ce soit avec ou sans antibioprophylaxie.En moyenne, les patients sans prise d’antibiotiques sont exposés à 5 % d’échec implantaire, contre 2 % des patients sous antibioprophylaxie préopératoire et 1 % des patients sous antibioprophylaxie pré- et postopératoire.
La prescription d’une antibioprophylaxie avant la mise en place d’implant semble justifiée (avec un bénéfice escompté faible, 5 % versus 1 à 2 %) avec une prise d’amoxicilline unique de 2 g une heure avant la pose d’implant .

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